Portrait-charge d’Horace Vernet, 1829
Encre sur papier 12,5 x 11 cm
Signé, daté et localisé en bas à droite Rome 1829 Dantan Je
Reproduit dans L’Autographe du 15 août 1864, p. 4
Formés dans leur jeunesse par leur père sculpteur sur bois, les deux frères Dantan, Antoine-Laurent et Jean-Pierre entrent avec quelques années d’écart à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier de François-Joseph Bosio. Si l’aîné suit la voie académique, le plus jeune se consacre à des travaux moins sérieux, se faisant très vite un nom dans le domaine de la caricature. Ses portraits-charge sculptés représentant les célébrités de la politique, des arts et des lettres de son temps connaissent un grand succès. Lorsque son frère gagne le Prix de Rome de sculpture en 1828, Jean-Pierre décide de l’accompagner en Italie pour son pensionnat. Le nouveau directeur de la Villa Médicis, Horace Vernet, accueille les deux frères à leur arrivée à Rome.
Nous le retrouvons, sous la plume de Jean-Pierre Dantan, représenté de dos, palette à la main, faisant face à une grande toile blanche. Il porte la même tenue que dans son autoportrait de 1835, pantalon militaire blanc, ceinture large et gilet cintré. La charge tient ici tant à la posture du peintre, au déhanché excessif, qu’à l’instabilité de l’ensemble formé par le chevalet et la toile. La même année, le sculpteur réalise également un plâtre représentant Vernet en pied. Dans cette version, il l’habille d’une élégante robe de chambre mais marque une nouvelle fois le contrapposto maniéré du directeur. À son retour à Paris, Dantan, installé dans le passage des Panoramas, ouvre un atelier-galerie dans lequel il expose les éditions en plâtre de ses nombreuses caricatures. Surnommé le musée Dantan, l’endroit devient vite à la mode. Dans les années 1830, le sculpteur proposera dans sa vitrine, parmi toutes les célébrités de son époque, un nouveau buste-charge de Vernet dont un exemplaire est conservé aujourd’hui au musée Carnavalet. En 1864, quelques mois après la mort d’Horace Vernet, le rédacteur en chef du journal L’Autographe reproduit en hommage au peintre cette caricature que Dantan réalisa à Rome trente-cinq ans plus tôt.