Jeune berger dominant le Tréport, vers 1872
Huile sur toile
42 x 61 cm
Signé du monogramme AB en bas à droite
Provenance : descendance de l’artiste
Vendu
Le Tréport fait partie avec Étretat des sites côtiers de Normandie les plus représentés par les peintres du XIXe siècle. Lorsque le roi Louis-Philippe et sa famille viennent s’installer à Eu en saison, ils instituent la mode des premiers bains de mer et donnent au Tréport sa vocation de station balnéaire.
Le peintre Achille Benouville n’est pas resté dans les mémoires pour ses vues de Normandie. Dès 1837 il effectue plusieurs voyages en Italie, dont un en compagnie de Corot en 1843, puis s’installe à Rome suite à sa victoire au Prix de Rome de paysage historique en 1845. Il passe les vingt-cinq années suivantes à peindre sans relâche les paysages de sa terre d’adoption : Rome et ses environs bien sûr mais également Capri et la Toscane. Ce n’est qu’après le décès de son épouse qu’il regagne la France avec ses deux fils, Pierre-Louis et Léon, en 1870. Il entreprend dès lors de nombreux voyages en France et aux Pays-Bas à la découverte de nouveaux sujets. Corot, son ami et son modèle, se rend régulièrement en Normandie entre 1855 et 1860 pour y peindre et nous a laissé plusieurs toiles représentant le Tréport. Ce n’est que plus tard, après son retour d’Italie, que Benouville a dû réaliser cette toile, probablement vers 1872.
Au sommet d’une falaise qui surplombe la baie, un jeune berger s’est assis pour admirer l’horizon, laissant paître ses moutons. Il tourne le dos aux falaises et à la plage qui s’étendent derrière lui. Au loin, plusieurs personnages s’animent au bord de l’eau. Le jeune garçon à la pose mélancolique est la seule réminiscence du style italien de l’artiste. La pureté bleutée des ciels et des mers de la péninsule laisse ici la place à la blancheur laiteuse des nuages et aux étendues couleur absinthe des eaux normandes. La peinture montre également des empâtements nouveaux, preuve de l’influence de la jeune génération impressionniste sur ce tenant du paysage classique. Cette œuvre, conservée jusqu’à récemment par les descendants du peintre, fut reproduite dans le catalogue raisonné rédigé par Marie-Madeleine Aubrun, spécialiste de l’artiste.