Nicolas-Antoine TAUNAY (1755-1830)

Baigneuses dans une clairière, vers 1825
Huile sur panneau
22 x 30 cm.
Mention Tonay au revers sur le panneau

Vendu

Nicolas Taunay a peint quelques-uns de ces tableaux de charme où il allie la beauté féminine à une nature idyllique. Dans les années précoces de sa carrière, il représentait des scènes mythologiques, des bacchanales comme celle qui figure désormais au musée de Laranjeiras à Rio de Janeiro. Très fantaisistes, irréels tant par le sujet où les satyres se mêlent aux ménades, que par la touche, vibrante et encore empreinte du goût du XVIIIe siècle, ces premiers tableaux sont rares. Mais rares aussi ceux qui, plus tard, reprennent ce genre de scène, d’un très discret érotisme.

Au premier plan de la clairière d’un bois touffu, huit jeunes femmes dansent et se baignent dans un petit lac. Tout exprime la chaleur et la joie de vivre. Aucun épisode antiquisant, aucune allusion littéraire – du moins, semblet-il – car l’une des jeunes femmes domine par son port dressé, drapée dans son voile blanc, telle la statue antique de Vénus, de Diane ou de Galatée. Taunay donne une respiration à sa composition : au milieu de la touffeur et des frondaisons qui s’étalent dans une gamme de verts modulés jusqu’au brun, il ajoute ces couleurs qui lui sont si chères : le fameux « rouge Taunay », hérité de ses ancêtres chimistes émailleurs à Sèvres, le bleu vif qui lui est si familier et divers blanc jusqu’à un rose subtil… Si Taunay a pu se rappeler les baigneuses de Joseph Vernet, il adopte une nature beaucoup plus sauvage, avec les herbes folles du premier plan qui rappellent la générosité de la nature sud-américaine. Nous situons le tableau dans les années 1825, au retour du Brésil, et le rapprochons techniquement du Moïse sauvé des eaux présenté au Salon de 1827.

Charmant tableau très fini malgré sa petite taille : ce n’est pas un modello comme souvent Taunay les faisait dans ce format, mais bien un tableau de cabinet, ces précieux petits sujets que l’on installait alors dans une bibliothèque, une chambre ou un bureau. Dans cette idée, les amateurs avaient familièrement donné à son petit tableau d’un Défilé d’armée le surnom du « Petit canon de Taunay ». Ce tableautin, caché sur un coin de mur favori, aurait bien pu porter le surnom des « Petites baigneuses de Taunay ».

Nous remercions Mme Claudine Lebrun Jouve pour la rédaction de cette notice.

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