Jean-Charles RÉMOND (1795-1875)

La Mort d’Abel, vers 1837
Huile sur toile
38 x 46 cm

Acquisition du musée Fabre de Montpellier

Jean-Charles Rémond entra à l’École des Beaux-Arts en 1814 et eut pour maîtres Jean-Baptiste Regnault et Jean-Victor Bertin. Lauréat du prix de paysage historique en 1821, il part pour Rome et visite l’Italie pendant quatre années. À son retour à Paris, il expose régulièrement au Salon, encouragé par des achats fréquents de l’État. Fils d’imprimeur, il publie tout au long de sa vie de nombreuses lithographies qui, plus que sa peinture, lui valent un véritable succès populaire et des revenus conséquents.

Au Salon de 1838, Rémond expose un grand paysage à sujet biblique : La Mort d’Abel. Selon le Livre de la Genèse, Abel et Caïn, les deux premiers fils d’Adam et Ève, cherchaient la reconnaissance de Dieu. L’aîné, cultivateur, jalousait son frère cadet qui était berger. Lorsqu’un jour l’offrande d’Abel, un agneau, se consuma, preuve de l’agrément divin, et que celle de Caïn fut rejetée, ce dernier entra dans une colère immense et tua son frère. Le premier meurtre de l’humanité fut donc un fratricide. Comme le veut l’usage dans le genre du paysage historique, la part narrative de l’œuvre de Rémond est ici réduite à un détail au sein d’un paysage dominant. Au premier plan sur la droite, le corps lumineux du jeune Abel est étendu près du foyer sacrificiel. Son frère Caïn nous tourne le dos et s’éloigne dans la pénombre. La scène est nichée dans un paysage fait de roches et de végétation. Dans le lointain, une étendue d’eau se termine en cascade, symbole de la chute, et le ciel bleu se couvre de nuages qui annoncent la colère divine. Le tableau, qui reçut un excellent accueil au Salon, est aujourd’hui exposé au musée Fabre à Montpellier.

Cette esquisse typique de la manière du peintre diffère dans son format de l’œuvre définitive et laisse une plus large place au ciel. Le musée de Vire a acquis en 1974 une autre peinture de même sujet par Rémond mais dont la composition diffère en tous points. Il pourrait s’agir d’une première pensée ou d’une autre interprétation du sujet, sans rapport direct avec l’œuvre du Salon de 1838, plus que d’une esquisse à proprement parler.