Henri REGNAULT (1843-1871)

Le madrilène, 1868
Crayon et aquarelle sur papier
30 x 23 cm
Signé, daté et localisé en bas à gauche

Vendu

Mourir très jeune est souvent pour un peintre du XIXe siècle l’assurance de l’oubli. Tel n’est pourtant pas le cas du peintre Henri Regnault. Engagé volontaire dans l’armée, sa mort glorieuse au champ d’honneur en fit au contraire une légende. Entré à l’École des Beaux-Arts à l’âge de quatorze ans, sa carrière fulgurante est couronnée dès l’âge de vingt-trois ans par l’obtention du Prix de Rome de peinture. Après un court séjour à la Villa Médicis, il décide de quitter l’Italie pour l’Espagne. À Madrid, il est le témoin de la révolution carliste, de la chute d’Isabelle II et de la victoire du Général Prim dont il réalise un puissant portrait équestre exposé au Salon de 1869. Cette période marque profondément l’homme et le peintre, qui s’inspire des lieux et des événements pour plusieurs de ses œuvres. Un madrilène de profil en appui sur une canne est le sujet de notre aquarelle localisée à Madrid et datée de 1868. Sa pose et ses traits durs lui confèrent l’aura d’un matador. Son costume détaillé d’une façon presque ethnographique est associé à plusieurs mentions de couleurs manuscrites. Un jus d’aquarelle gris bleu marque l’ombre portée du personnage et l’inscrit dans un espace tout juste suggéré. Un signe étrange finit de construire le décor en évoquant l’emplacement d’une ouverture dans le mur. A la fin de l’année 1869, il quitte l’Espagne en direction du Maroc, accompagné par son ami Georges Clairin. C’est à Tanger qu’il entreprend l’exécution de son tableau le plus célèbre, Exécution sans jugement sous les rois maures de Grenade, qui constitue son « envoi de Rome » pour l’année 1870. A l’annonce de la guerre de 1870, il rentre en France et meurt pendant la bataille de Buzenval le 19 janvier 1871. Cette perte donne lieu rapidement à un grand nombre d’hommages artistiques: Carolus-Duran représente son ami mort sur le champ de bataille, Camille Saint-Saëns lui dédie sa Marche Héroïque (1871) et l’École des Beaux-Arts commande dès 1872, au sculpteur Henri Chapu, un monument en son honneur qui sera inauguré en 1876.

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