Xavier-Alphonse MONCHABLON (1835-1907)

Le Rapt de Coré, vers 1880-1890
Huile sur toile
41 x 33 cm
Signé au revers Monchablon

Vendu

« La vaste terre s’ouvrit et Hadès s’en élança, porté par ses chevaux immortels. De force il enleva Coré et la porta pleurante sur son char d’or jusqu’aux enfers ». C’est en ces termes qu’Homère dans son douzième hymne à Déméter décrit l’enlèvement de la belle Coré avant qu’elle ne devienne reine des Enfers et prenne le nom de Perséphone. D’une touche synthétique et large, laissée visible sur la toile, le peintre Alphonse Monchablon illustre ce thème avec une verve aux influences wagnériennes. Le roi des Enfers à la barbe noire, sans visage, tient d’une main ses trois chevaux et de l’autre le corps de la jeune déesse qui se débat. Alors que l’équipage s’engouffre dans les flammes, un groupe de jeunes femmes avance sous les sapins sur fond de montagne. Ce décor sylvestre évoque plus facilement les Vosges natales du peintre que les sites héroïques de l’antique Grèce ou de la Sicile. Fils d’un instituteur, Alphonse Monchablon commence sa formation en apprenant la lithographie et en travaillant pour les imageries d’Épinal. À vingt-et-un ans, il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris dans les ateliers de Sébastien Cornu et de Charles Gleyre. Monchablon obtient un Second Prix en 1862 puis le Grand Prix l’année suivante. À partir de 1866, le peintre participe au Salon et reçoit plusieurs récompenses qui lui valent des commandes officielles. Quelques années plus tard, son œuvre sera profondément marquée par la perte de l’Alsace et de la Lorraine, annexées par l’empire allemand en 1871. Son style jugé académique et quelquefois grandiloquent est typique d’une certaine peinture en vogue au début de la Troisième République. Il ne semble pas que cette œuvre à l’aspect esquissé ait donné lieu à une composition plus ambitieuse. Signée au revers de la toile, elle associe une thématique académique avec un style déjà influencé par le symbolisme. Le fils du peintre, Édouard Monchablon, remportera à son tour le Prix de Rome en 1903 mais mourra à trente-cinq ans avant d’avoir pu faire pleinement la preuve de son talent.

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