Théodore CARUELLE d’ALIGNY (1798-1871)

Vue de l’abbaye de Santa Scolastica à Subiaco, vers 1826
Huile sur papier marouflé sur carton
20,5 x 27 cm

Vendu

Théodore Caruelle d’Aligny reçoit ses premières leçons du peintre paysagiste Louis-Étienne Watelet qui l’incite à travailler sur le motif. Plus tard, il intègre pour parfaire sa formation l’atelier de Jean-Baptiste Regnault, célèbre peintre d’histoire qui lui enseigne la figure. Fort de ce double apprentissage, il participe pour la première fois au Salon en 1822. L’œuvre reçoit un bon accueil critique et lui apporte un début de reconnaissance parmi les paysagistes de sa génération. Caruelle commence à fréquenter différents artistes paysagistes issus de l’atelier de Jean Victor Bertin, dont Camille Corot, avec lequel il se lie d’une amitié durable. Cette relation sera déterminante pour la carrière des deux peintres. 

En 1824, Théodore Caruelle d’Aligny entreprend le traditionnel voyage en Italie. Grâce aux dates et aux localisations portées sur ses dessins, il est possible de suivre son parcours depuis Naples au début de l’été jusqu’à Rome en décembre. Au cours de l’année suivante, il découvre un à un les principaux sites du Latium de Civita Castellana à Tivoli, en passant par Subiaco. L’austère beauté du site dans les montagnes du Latium allie nature grandiose, vestiges antiques et architectures monumentales. Ce lieu servit d’ermitage à saint Benoît de Nursie qui, installé dans une grotte, y fonda son premier monastère. Lorsque Caruelle d’Aligny découvre le site pour la première fois en 1825, il s’intéresse au large panorama qui montre la ville dominée par l’abbatiale. Rejoint par Corot à Rome en décembre, il retourne à Subiaco l’année suivante. Caruelle d’Aligny peut alors s’arrêter sur le chemin escarpé qui mène à l’abbaye de Santa Scolastica. Sous le pinceau du peintre, la silhouette massive de l’architecture accrochée au relief se teinte d’ocre rouge et se détache d’un fond de ciel bleu sans nuage. Le geste visible et rapide atteste d’une œuvre exécutée sur place et déjà marquée par l’influence de son ami. 

L’œuvre, qui fut affublée d’une fausse signature « Corot » correspond assurément à la technique de Caruelle d’Aligny lors de son premier séjour italien. À son retour en France en 1827, le peintre découvre le potentiel du site de Barbizon avec ses paysages de forêt et ses crayères qui lui rappellent tant l’Italie. Caruelle obtient une véritable reconnaissance en participant régulièrement au Salon. Surnommé par certains critiques de l’époque l’« Ingres du paysage », il reçoit plusieurs commandes officielles. En 1860, Théodore Caruelle d’Aligny est nommé à la direction de l’école des Beaux-Arts de Lyon à la demande des peintres lyonnais Orsel et Bonnefond. Au décès du peintre, Corot aidera sa veuve à préparer l’inventaire de l’atelier dont la vente s’est déroulée en mai 1874 à Paris. Si son ami de jeunesse est aujourd’hui considéré comme l’un des peintres majeurs de l’histoire de l’art du paysage, Caruelle est lui peu à peu tombé dans l’oubli.


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