Pierre-Joseph DEDREUX-DORCY (1789-1874)

Portrait de Rachel dans le rôle de Roxane, 1842
Huile sur toile
61 x 50 cm
Signé et daté sur le retour de toile Dorcy Dedreux
Porte une annotation sur le châssis Rachel en Roxane 1842 / Dorcy de Dreux
Tête d’homme tracée au revers de la toile
Toile d’origine rectangulaire mise à l’ovale anciennement

Vendu

Née en 1821, au sein d’une famille de marchands ambulants, Élisabeth-Rachel Félix grandit sur les routes de l’Est de la France. Contrainte à la mendicité par son père, la jeune fille chante avec sa sœur aînée dans les rues des villes. En 1831, la famille s’installe à Paris, quartier de Notre-Dame. Après avoir suivi quelques cours d’art dramatique au Conservatoire, Élisabeth décroche son premier rôle au théâtre du Gymnase en 1837. La jeune actrice prend alors comme nom de scène Rachel. Auditionnée au mois de mars de l’année suivante, elle entre au Théâtre-Français à l’âge de dix-sept ans et débute dans Horace avec le rôle de Camille. Son succès est immédiat et ses interprétations des héroïnes tragiques de Corneille, Racine ou Voltaire participent du regain d’intérêt pour la tragédie classique face au drame romantique. Célébrée jusqu’à l’adulation, Rachel incarne le modèle de l’actrice moderne et pose pour de nombreux artistes. 

À partir de novembre 1838, Rachel reprend le rôle de Roxane dans la pièce Bajazet de Racine. Au fil de l’intrigue, la belle favorite du sultan Amurat domine la tragédie située par l’auteur dans l’Empire ottoman du XVIIe siècle. Alfred de Musset salue son interprétation de façon dithyrambique dans la Revue des Deux Mondes. L’actrice est rapidement immortalisée en Roxane par de nombreux dessinateurs et graveurs, vêtue d’un costume oriental richement brodé et coiffée d’un turban auquel se mêlent pierres, perles et fils d’or. Achille Devéria, sur une lithographie dont certains tirages sont mis en couleur, représente Rachel en pied, de face, un mouchoir à la main. La Comédie-Française conserve un portrait peint de l’actrice en Roxane qui fut longtemps attribué à ce même Devéria. Grâce à la découverte d’une autre version de ce portrait signée et datée, sa composition a pu être rendue au peintre Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy. 

Ancien élève de Pierre-Narcisse Guérin et ami proche de Théodore Géricault, Dedreux-Dorcy réalise dès 1839 un portrait peint de Rachel connu aujourd’hui par une lithographie. Exposée chez le marchand Susse place de la Bourse, l’œuvre représentait la jeune actrice de profil et coiffée d’un chignon, sans autre ornement. Pour le Portrait de Rachel en Roxane daté de 1842, le peintre choisit de montrer l’actrice en buste, de trois-quarts, le visage tourné vers la gauche. Sa peau blanche contraste avec le noir profond de ses yeux et de sa chevelure. Les éléments du costume, une robe verte et un turban brodé, sont identiques à ceux visibles dans la lithographie d’Achille Devéria. Chez Dedreux-Dorcy, l’absence des boucles d’oreilles permet d’attirer l’attention sur le regard de l’actrice, augmentant ainsi la dimension tragique de l’ensemble.



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