Léopold BURTHE (1823-1860)

Diane et Sylvandre, 1852
Huile sur toile
26,5 x 33,5 cm
Dédicacé, signé et daté en bas à droite :
à Monsieur Silvain [sic] Marie-Léopold Burthe 1852

Vendu

Né à La Nouvelle-Orléans en 1823 dans une famille de planteurs originaires de Metz, Léopold Burthe est le benjamin d’une fratrie de cinq enfants. Très jeune, il accom- pagne à Paris sa sœur aînée, la future marquise de Circé, puis intègre en 1840 l’atelier du peintre Amaury-Duval. Ce dernier, ancien élève d’Ingres, va lui enseigner le goût de la ligne pure et des sujets classiques. À vingt-quatre ans, le jeune artiste fait ses débuts au Salon en exposant un sujet biblique, Bethsabée (œuvre disparue). Le reste de sa pro- duction sera majoritairement inspiré par des thèmes an- tiques : Hercule aux pieds d’Omphale (1846), Alphée et Aréthuse (1847), Narcisse (1848), Sapho jouant de la lyre (1849), etc. Fortement influencé par l’art de son maître, Burthe adhère esthétiquement au goût néo-grec en puisant ses modèles dans les œuvres archaïques de l’antiquité. Bien que globale- ment ignoré par la critique, Burthe est récompensé en 1849 avec l’achat de sa Sapho par l’État, aujourd’hui au musée de Carcassonne.

En 1852, le peintre va puiser dans Hamlet le sujet d’un nouveau tableau. Exposée au Salon, son Ophélia épouse tous les codes de l’ingrisme. L’héroïne, allongée sur l’eau, se retient à une branche. Le paysage qui sert de fond à la scène évoque les toiles synthétiques de Caruelle d’Aligny ou d’Édouard Bertin. Aux œuvres de ce dernier, la composition emprunte une forme cintrée. La même année, Burthe réutilise ce principe pour une petite toile au sujet mystérieux. Récemment redécouvert, ce tableau représente un couple vêtu à l’antique adossé à deux taureaux attelés. Le décor de fond avec son temple en ruine évoque un paysage méditerranéen dans la lumière du soir et les bêtes majestueuses portant entre leurs cornes des coiffes de cérémonie pourraient renvoyer aux bœufs d’Hélios, tués par les compagnons d’Ulysse dans L’Odyssée. L’auteur a pris soin d’intégrer dans les deux écoinçons un texte qui éclaire le sujet. Tracés en alphabet grec les vers «Quand les bœufs vont deux à deux, le labourage en va mieux» sont tirés de Richard Cœur de Lion, le célèbre opéra-comique d’André Grétry sur un livret de Michel-Jean Sedaine. Ils font référence dans le texte au jeune berger Sylvandre et à la bergère Diane, deux personnages empruntés au roman pastoral L’Astrée, écrit par Honoré d’Urfé au dé- but du XVIIe siècle. Il est très probable que par jeu d’érudition Burthe ait souhaité associer la figure de Sylvandre avec le prénom de celui à qui l’œuvre est destinée : Sylvain Marie (1805-1870), un ami d’enfance d’Amaury-Duval.

Léopold Burthe, décédé à l’âge de trente-sept ans, n’aura pas eu le temps de forger sa notoriété et restera longtemps ignoré des dictionnaires même les plus spécialisés. Ses œuvres connues sont rares, tout au plus une douzaine, le musée de Poitiers en conserve six d’entre elles léguées par la sœur du peintre en 1881.

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