Jean-Jacques CHAMPIN (1796-1860)

L’Assemblée nationale sous l’orage, 1848
Aquarelle
24 x 35 cm
Signé en bas à gauche Champin
Provenance : collection Jean-Claude Delauney

Vendu

Champin, prénommé Jean-Jacques en hommage à Rousseau, est le fils d’un graveur établi à Sceaux. Formé dans les ateliers de Félix Storelli puis d’Auguste-Jacques Régnier, il se spécialise dans le genre du paysage et entreprend de nombreux voyages. Excellent lithographe, il collabore avec Régnier à l’illustration de plusieurs ouvrages en traduisant sur la pierre les œuvres de son maître : Vues pittoresques des principaux châteaux et des maisons de plaisance des environs de Paris et des départements, publié en 1826, puis Les Habitations des personnages les plus célèbres de la France depuis 1790 jusqu’à nos jours, publié entre 1831 et 1835 et dont l’introduction est confiée à Charles Nodier. Sur l’invitation de ce dernier, Champin fréquente la bibliothèque de l’Arsenal et son salon littéraire où il côtoie Victor Hugo, Alexandre Dumas et Alphonse de Lamartine. Attaché à Paris et sa région tout au long de sa vie, le peintre sera aux premières loges pour assister aux évènements de 1848. Le 22 février, sous l’impulsion des républicains, une partie du peuple de Paris se soulève et prend le contrôle de la capitale. Deux jours plus tard, le roi Louis-Philippe est contraint à l’abdication et Lamartine, entouré par les foules révolutionnaires, peut proclamer la Deuxième République depuis le parvis de l’Hôtel de Ville. S’il ne prend pas directement parti pour les révolutionnaires, Champin ne trahira pas leurs convictions et leurs idéaux dans les œuvres qu’il réalise pendant et à la suite de ces évènements. Au contraire de beaucoup d’artistes qui ont fui la France en direction de la Belgique, il demeure à Paris et peut représenter les évènements au fur et à mesure de leur déroulement : fêtes révolutionnaires, plantations d’arbres de la liberté, érection de monuments aux morts, etc. Champin devient ainsi un témoin privilégié de la mise en place de la Deuxième République.

Le peintre, placé sur la terrasse du jardin des Tuileries, au-dessus des quais, saisit la façade du Palais Bourbon entre le pont de la Concorde et la coupole des Invalides. Il brosse à l’aquarelle un ciel lourd, parcouru de sombres nuages percés par quelques trouées orange et bleues au-dessus de la Seine. Un éclair blanc zèbre le haut de la composition et annonce l’orage de la Révolution qui s’abat sur l’Assemblée nationale. Cette évocation pour le moins lyrique des évènements de février 1848 contraste avec une autre œuvre de Champin conservée au musée Carnavalet représentant le site quelques mois plus tard. Le peintre choisissant d’adopter le même point de vue, a dû néanmoins reculer son chevalet de quelques mètres, son premier emplacement étant désormais occupé par des Parisiens en liesse. La foule qui s’étend sur la place de la Concorde en partie visible, mais aussi sur le pont et devant l’Assemblée, célèbre en ce jour du 4 mai 1848, la proclamation de la République.

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