Jean Baptiste François BOSIO (1764-1827)

Jeune femme sur un divan, vers 1825
Aquarelle sur papier
18,5 x 14 cm
Signé en bas à droite Bosio

Vendu

Assis sur une chaise, un jeune et élégant garçon aux cheveux clairs tient sagement la pose pendant que l’on trace son portrait. Mélancolique, il évite de croiser le regard de l’artiste et fixe un point en dehors de la feuille. Paul Delaroche, qui a pris soin de signer et dater son œuvre, a cependant omis d’identifier son modèle. Stephen Bann, spécialiste du peintre, propose de reconnaître sous les traits du garçonnet le jeune Edward Stopford Claremont. Fils illégitime d’un lieutenant de l’armée anglaise et d’Anaïs Aubert, une actrice de la Comédie-Française, Edward naît à Paris en 1819. Sa mère, plus connue sous son nom de scène, Mademoiselle Anaïs, est considérée comme l’une des plus belles femmes de son temps et fréquente le Tout-Paris. Pour l’adolescent qui vient d’avoir douze ans, l’année 1831 est celle d’un changement difficile. Élevé par sa mère durant toute son enfance, il va devoir la quitter sur ordre de son père pour étudier en Angleterre. Il est probable qu’Anaïs, souhaitant conserver le souvenir de son fils, demande à l’un de ses amis de réaliser ce portrait peu de temps avant cette séparation. Proche du peintre Eugène Lami, la jeune actrice rencontre par son intermédiaire le peintre Paul Delaroche.  

L’artiste grandit à Paris dans une famille aisée. Son père, marchand de tableaux, encourage sa vocation artistique et le fait entrer dans l’atelier du baron Gros. Durant son apprentissage, Delaroche fait la connaissance d’Eugène Lami avec lequel il se lie d’amitié. Les deux jeunes artistes partagent un appartement au numéro 12 de la rue de Seine et semblent inséparables tout au long des années 1820. Leurs correspondances respectives reflètent la légèreté de la vie d’artistes en devenir, faite d’amourettes et de fêtes. Pour les deux peintres, le début de la décennie suivante est celle de la consécration. En 1831, année où il rencontre Anaïs, Delaroche remporte un immense succès populaire au Salon avec Les Enfants d’Édouard. Une idylle naissante entre le peintre et la comédienne, attestée par l’existence de plusieurs lettres au contenu passionné, a pu faciliter les démarches d’Anaïs pour demander à Delaroche de réaliser le portrait de son fils. L’année suivante, Anaïs pose à son tour devant le peintre qui saisit les traits de la jeune femme au pastel. 

Après avoir quitté sa mère, Edward Stopford Claremont arrive en Angleterre en 1832, où il poursuit ses études au collège d’Eton, puis à Oxford. Reconnu officiellement par son père, il prend la nationalité britannique et s’engage dans l’armée en 1838. Son enfance parisienne et son parfait bilinguisme lui servent durant sa carrière militaire. Comme lieutenant-colonel détaché auprès de l’armée française, il devient « l’officier britannique préféré » de Napoléon III durant la guerre de Crimée et termine sa carrière avec le grade de général comme son père avant lui.


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