Hippolyte LECOMTE (1781-1857)

Le tir à l’arc, 1810
Aquarelle
31 x 39 cm
Signé en bas à gauche

Vendu

Peintre d’histoire et de paysage né en 1781, Hippolyte Lecomte se forme dans l’atelier de Jean-Baptiste Regnault puis de Pierre-Antoine Mongin. À partir de 1804, il expose régulièrement au Salon ; le succès ne se fait pas attendre puisque dès 1808, il reçoit une médaille de 1ère classe comme peintre de genre.

Avec Millin Duperreux, il fût un des premiers à se tourner vers le passé national comme sujet de ses œuvres. Notre aquarelle, datant du début de sa carrière, en est une belle illustration, puisque la scène de genre se mêle ici d’inspiration « troubadour ». Le jeune homme du premier plan, l’arc tendu entre ses mains, s’apprête à tirer une flèche vers la cible, mais il regarde à l’arrière vers un groupe de personnes dont se détache une jeune femme qui semble l’encourager. Tous sont vêtus d’élégants costumes du début du XVIème siècle. En retrait, d’autres personnages l’observent derrière une barrière. La scène a lieu devant un château d’inspiration anglaise, entouré de bosquets, sans doute une invention du peintre plutôt que la reproduction fidèle d’un édifice.

La composition du dessin, parfaitement équilibrée mais irréelle (ainsi positionnée, la flèche ne saurait trouver le chemin de sa cible), renforce la théâtralité de cette scène anecdotique. Les personnages sont comme suspendus dans le temps, et l’on peut contempler la délicatesse de leurs gestes et de leurs vêtements. Hippolyte Lecomte travailla par ailleurs en tant que dessinateur de costumes pour les ballets de l’Opéra et le théâtre italien de Paris, les costumes historiques remplaçant les fastueux habits de cour au début du XIXème siècle. Cela peut expliquer la recherche de précision et d’exactitude apportée aux vêtements des personnages, à l’exécution fine et au coloris acidulé.

L’aquarelle s’inscrit dans une veine de représentation onirique de la Renaissance, avec un intérêt pour les sujets chevaleresques, notamment le thème de l’amour courtois. Le tir à l’arc, qui se développe au cours du XVème siècle sous forme de jeu d’adresse, fait partie des épreuves auxquelles le chevalier est soumis afin de prouver son habileté et son obstination. Dans notre dessin, le regard échangé par les deux protagonistes peut faire penser à cet aspect plus poétique et précieux du style « troubadour ».

Par la suite, il se fait une spécialité de la peinture de batailles, et malgré les changements politiques de la première moitié du XIXème, il obtint des commandes aussi bien de Napoléon que de Charles X et Louis-Philippe, par exemple Charlemagne passant les Alpes au Mont-Cenis en 773 conservé au château de Fontainebleau. De son mariage avec la fille de Carle Vernet, il aura un fils, le peintre orientaliste Emile Vernet-Lecomte.

D.D & Mariolina Cilurzo

 

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