Henri de TOULOUSE-LAUTREC (1864-1901)

Paysage de dune vers Arcachon, vers 1883-1885
Huile sur panneau
16 x 24 cm
Cachet en bas à droite Collection Séré de Rivières – H de Toulouse-Lautrec
Provenance : collection de la comtesse Adèle de Toulouse-Lautrec puis de Monsieur G. Séré de Rivière

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Henri de Toulouse-Lautrec, que l’on connaît pour ses scènes de cirques et de bordels parisiens, a grandi dans la région d’Albi où il vivait avec sa famille. Fils du comte Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa et d’Adèle Tapié de Céleyran, le jeune Henri connaît une enfance heureuse jusqu’à son dixième anniversaire. En 1874, les médecins diagnostiquent une maladie qui affecte le développement de ses os. D’un naturel très optimiste malgré son handicap, l’adolescent dont la taille ne dépassera jamais 1m52 partage son temps entre sa passion pour les chevaux et la pratique du dessin. À Albi, il reçoit ses premières leçons du peintre animalier René Princeteau, un ami de son père. Après avoir convaincu ses parents, Lautrec s’installe à Paris et s’inscrit en 1882 dans les ateliers de Léon Bonnat puis de Fernand Cormon. Un an plus tard, sa mère qui s’est séparée de son mari, fait l’acquisition du château de Malromé en Gironde. Le jeune peintre vient lui rendre visite tous les étés, et de là se rend à Arcachon pour profiter de la plage et du soleil. Dans ce paysage de dune Toulouse-Lautrec préserve la teinte et les veinures du bois sur la plus grande partie du panneau, pour évoquer la couleur ocrée du sable. Ce large espace est tout juste relevé de quelques traces brunes pour figurer les broussailles séchées par le soleil. La mer au loin, traitée en quelques touches de vert et de blanc, semble houleuse. Au-dessus, le ciel bleu s’assombrit peu à peu. Ces deux zones colorées, par contraste, redonnent sa force figurative à la partie inférieure, laissée presque entièrement en réserve. Lautrec a plusieurs fois exprimé son rapport à la peinture de paysage. En 1896, dans une lettre à Maurice Joyant, son ami d’enfance, il écrivait : «seule la figure existe, le paysage est et ne doit être qu’un accessoire (…). Le paysage ne doit servir qu’à mieux faire comprendre le caractère de la figure ». Il existe cependant une petite série d’œuvres précoces d’une grande liberté technique où le paysage est traité par le peintre sans autre prétexte. Réalisées dès la fin des années 1870 à Albi et dans sa région, puis à partir de 1883 lors de ses séjours au château de Malromé et dans le bassin d’Arcachon, ces pochades sur panneau furent conservées par la mère du peintre jusqu’à sa mort en 1930. Toutes ces œuvres ont pour point commun de laisser une large place à la réserve du support. Cette méthode, Lautrec la préservera plus tard dans nombre de ses portraits et dans ses scènes de la vie parisienne qui, bien qu’abouties, conservent un aspect faussement inachevé. Cette petite huile, ainsi que le reste de la série des paysages conservée par la mère de Lautrec, fut transmise à Georges Séré de Rivières, un cousin éloigné du peintre, en même temps que le château de Malromé. Ce dernier fit apposer sur chacune des pièces rentrées en sa possession un cachet à l’encre noire mentionnant son nom précédé de celui du peintre.

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