Alexandre CALAME (1810-1864)

Paysage d’Italie avec un castel, vers 1844
Huile sur papier marouflé sur toile
22,5 x 29,5 cm
Signé en bas à gauche A. Calame
Porte sur le châssis l’inscription 193 rue de l’H[…]
État : pli central sur le papier restauré

Vendu

Aujourd’hui célèbre pour ses vues des Alpes suisses, Alexandre Calame est également l’auteur de quelques rares études réalisées lors de son voyage en Italie qu’il entreprit en 1844 pour parfaire sa formation et, de son propre aveu, pour combler ses lacunes (1). Né en 1810 à Vevey en Suisse, il arrive à l’âge de quatorze ans à Genève et y passe la majorité de sa vie. Dès 1829, il se forme auprès de François Diday, spécialiste du paysage montagneux. Ce maître lui communique son attrait pour ce genre qu’il conservera tout au long de sa carrière. Prolixe, l’artiste travaille sur le motif avant de réaliser en atelier des paysages de montagne de grand format. Malgré la perte de son œil droit, il continue de travailler et obtient un franc succès en 1839 au Salon à Paris. Exposé à cette occasion, l’Orage à la Handeck (2) lui vaut une médaille d’or et symbolise à lui seul le romantisme alpin (3). Cette nouvelle notoriété permet à Calame d’obtenir des commandes de toute l’Europe : de France, d’Allemagne, d’Angleterre, d’Italie mais aussi de Russie.

Accompagné par huit élèves, le peintre se rend donc en septembre 1844 en Italie, d’abord à Rome, puis à Naples. Voyageant par bateau, le périple est pour Calame un véritable calvaire : il attrape la dysenterie au large de Gênes en mangeant du raisin et le mauvais temps l’accompagne tout au long de son voyage. Malgré ces désagréments, le peintre reviendra en Suisse muni de quelques études. Certains biographes ont pu dire qu’il n’avait pas compris l’Italie et qu’il aurait jugé le paysage italien inférieur à celui des Alpes (4). Il parvient pourtant à peindre avec talent la lumière des paysages et des bâtiments de la péninsule, tels les temples de Paestum (5) ou Pozzuoli et la baie de Naples (6). Dans une lettre à l’un de ses mécènes, John Revilliod, datée d’octobre 1844, il écrit à propos de son séjour : « Je dis le connaître un peu [le pays], car jusqu’à présent je n’ai encore vu qu’une partie du golfe, Pouzzoles, Baya, le cap Misène, Procida et enfin Ischia, où je suis maintenant. Le premier aspect m’a ravi ; cette lumière éclatante, ces fabriques pittoresques, la mer bleue et la transparence extrême de l’air, m’ont transporté d’aise […] » (7). Cette citation vient conforter l’importance qu’a eu ce voyage en Italie pour Calame.

Probablement dans les environs de Naples, l’artiste peint sur le motif un sentier et la sortie d’une source aménagée d’une pierre d’où de l’eau s’écoule. Au loin, il ajoute sur un éperon rocheux une forteresse et, près de la mer, un castel qui rappelle celui dit “dell’Ovo” – ou château de l’Œuf. Sur les traces d’artistes tels que Achille-Etna Michallon et Jean-Charles-Joseph Rémond, l’Italie inspire à Calame un paysage davantage imprégné de romantisme.

(1) Eugène Rambert, Alexandre Calame, sa vie et son œuvre, d’après les sources originales, Paris, 1884, pp. 211 (en ligne).
(2) Alexandre Calame, Orage à la Handeck, 1839, huile sur toile, 90,20 x 260,00 cm, Genève, musée d’Art et d’Histoire.
(3) Valentina Anker, « Calame, Alexandre », Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), 2004 (en ligne).
(4) Valentina Anker, Alexandre Calame. Vie et œuvre. Catalogue raisonné de l’œuvre peint, Fribourg, 1987, p. 150.
(5) Calame représentera plusieurs fois cette vue : Alexandre Calame, Coucher de soleil à Paestum, vers 1844, huile sur toile, 44 x 53,5 cm, Sotheby’s Londres, 28 octobre 1992, n° 71 ; Alexandre Calame, Paestum, vers 1844, aquarelle sur papier, 11,8 x 21,9 cm, vente anonyme, Berlin, Grisebach, 30 mai 2018, n° 126 ; Alexandre Calame, Ruines des temples de Paestum, 1847, huile sur toile, 196 x 260 cm, Leipzig, Museum der bildenden Künste ; Alexandre Calame, Ruines des temples de Paestum, 1844, huile sur toile, 27 x 39 cm, Suisse, collection particulière. 
(6) Eugène Rambert, Alexandre Calame, sa vie et son œuvre, d’après les sources originales, Paris, 1884, p. 213. (en ligne).
(7) Ibidem.

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