Adolphe-Henri DUBASTY (1814-1884)

David tenant la tête de Goliath, vers 1846
Huile sur toile
45 x 32 cm
Signé en bas à gauche Dubasty

Vendu

Adolphe Dubasty entre à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1832 et suit les cours d’Ingres dans son atelier. On lui prête à tort des talents de miniaturiste, suite à une confusion avec Joseph Dubasty et sa femme qui exposent au Salon entre 1831 et 1839 dans cette spécialité. Pour ses débuts officiels en 1842, Dubasty expose exclusivement des portraits, avant de présenter deux sujets d’histoire au Salon de 1846 : une étude pour un Cromwell et une toile illustrant le thème biblique de David vainqueur de Goliath. L’accueil réservé à ce second tableau, sans être élogieux, n’en est pas pour autant dépréciatif. Le commentaire du livret indique que «pour ne pas valoir le David du Guide [Guido Reni], il est loin d’être à dédaigner.» Un jeune éphèbe blond, vêtu d’une peau de mouton attachée autour de la taille et d’une large cape, se dresse au centre de la toile. Dans sa main droite, il nous montre la tête du géant Goliath qu’il vient de trancher. Du corps de sa victime, renversé derrière lui, seules les jambes sont visibles. Elles se dégagent en contre-jour sur un fond de ciel crépusculaire. Aux pieds du jeune héros est déposée la fronde, outil de sa victoire. Le sujet tiré de l’Ancien Testament illustre la supériorité de la foi et de la force morale sur la force physique. L’esquisse pour ce tableau met en avant certains choix de composition. D’abord prévue dans un format plus large, l’œuvre est finalement réduite sur ses côtés laissés en réserve et accentue la verticalité de la figure centrale qui domine. La cape initialement peinte en gris dans le modello, devient rouge écarlate dans la version définitive et attire le regard en projetant plus encore la dépouille de Goliath vers l’arrière-plan. L’œuvre est acquise par l’État l’année suivante. Le fait que le célèbre caricaturiste Bertall ait choisi de la parodier dans l’une de ses charges graphiques publiée dans le journal L’Illustration pour le Salon de 1846, témoigne de l’intérêt que pouvait lui porter le public. Bien souvent, pour des questions de place et de moyens, certains spectateurs ne pouvant acquérir l’œuvre exposée au Salon passaient commande à l’artiste d’une version réduite de l’original, moins chère et plus facile à intégrer dans un intérieur parisien. L’artiste prit donc grand soin de faire encadrer son esquisse en masquant les deux bandes latérales laissées inachevées, et la signa comme il l’aurait fait pour une répétition. Par la suite, Dubasty participa régulièrement au Salon en alternant portraits, sujets de genre et grandes compositions historiques. Il reçut plusieurs commandes officielles et son David vainqueur de Goliath est aujourd’hui conservé au musée d’Orsay.

Retour en haut