Adélaïde CASTELLAS-MOITTE (1747-1807)

Jeune fille dessinant, vers 1797
Encre sur papier18,2 x 13,2 cm
Mention sur le montage d’origine :
De Moitte née Castellas

« Je suis née Française et Parisienne : la subordination qui est inséparable de mon sexe n’a point étouffé chez moi le sentiment de liberté, de courage et de patriotisme. »
 L’Âme des Romaines dans les femmes françaises, Adélaïde Moitte, 1789.

Acquisition par la Fondation Custodia 

Femme artiste et femme d’artiste, Adélaïde-Marie-Anne Castellas s’est formée à l’art du dessin auprès du peintre Jean-Jacques Le Barbier à Paris. À trente-quatre ans elle épouse le sculpteur Jean-Guillaume Moitte, d’un an son aîné, et ensemble ils forment ce qu’elle nommera plus tard « un ménage d’artistes ». S’il reste peu de traces de sa carrière et de ses œuvres, Adélaïde reste une figure importante de la Révolution française. En effet, le 7 septembre 1789 elle prend la tête d’un cortège de onze femmes, artistes ou parentes d’artistes, qui se rendent à Versailles, vêtues de blanc et parées d’une ceinture tricolore. Face à l’Assemblée nationale, elles font l’offrande de leurs bijoux à la patrie. Devant les députés, elle prononce un discours où elle associe leur démarche à celle des matrones romaines de l’antiquité. Ce discours républicain sera publié sous le titre de L’Âme des Romaines dans les femmes françaises.

À cette époque, Adélaïde semble avoir abandonné la peinture et s’être consacrée principalement au dessin comme en témoignent les pages de plusieurs carnets aujourd’hui démembrés. Ces feuilles, qui illustrent le plus souvent la vie de sa famille, attestent de la présence régulière des amis du couple mais également celle de nombreux enfants. Avec son mari devenu académicien, elle décide à la fin des années 1790 d’accueillir dans son foyer quelques jeunes déshérités. Ces élèves apprennent avec elle le dessin et les bases d’une culture humaniste.

Tracée à l’encre brune sur un feuillet de papier vergé, une jeune fille d’une dizaine d’années, représentée à mi-corps, tient la pose et nous regarde avec patience. Sa main droite, mise en avant sur un entablement suggéré, semble tenir un crayon absent. La jeune élève s’apprête à dessiner tout en écoutant madame Moitte qui en profite pour faire son portrait. À la fin de sa vie, Adélaïde tiendra un journal dans lequel elle raconte son quotidien et celui de son mari. Publié par Paul Cottin en 1932 sous le titre Un ménage d’artistes sous le premier Empire, journal inédit de Mme Moitte, ce texte reste un témoignage prépondérant sur la place des artistes femmes sous la Révolution et au début du XIXe siècle.

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