Achille BENOUVILLE (1815-1891)
Le Paon, vers 1860
Huile sur panneau
36 x 59 cm
Cachet de l’atelier Achille Benouville au revers et numéroté 69 et 53
Bibliographie : Marie-Madeleine Aubrun, Achille Benouville (1815-1891). Catalogue raisonné de l’œuvre, Paris, 1986, n°300, p. 155
Provenance : vente de l’atelier de l’artiste, 16 janvier 1901, Paris, hôtel Drouot, n°53 ; puis, famille de l’artiste
Vendu
Les fratries d’artistes sont nombreuses au XIXe siècle. Achille et Léon Benouville, nés respectivement en 1815 et 1821, fréquentent ensemble l’atelier d’Édouard Picot et remportent tous les deux le Prix de Rome la même année : l’aîné pour le paysage historique et le cadet pour la peinture d’histoire. Débute alors pour eux le célèbre voyage des lauréats en Italie. Si à la fin de leur pensionnat à la Villa Médicis, Léon rentre en France pour mener une carrière officielle, Achille ne quittera pratiquement jamais l’Italie pendant les vingt-cinq années qui vont suivre. Même absent, il expose régulièrement ses toiles aux Salons parisiens avec quelques périodes d’interruption comme entre 1855 et 1863. Hormis quelques portraits, la production d’Achille est entièrement consacrée aux paysages, d’abord dans la région parisienne autour de Compiègne et de Fontainebleau, puis en Italie. Son amitié avec le peintre Camille Corot, qu’il accompagne à Rome en 1843, influence durablement son style. Arpentant la campagne, le peintre réalise une multitude de vues en diversifiant les techniques : dessins à l’encre ou au crayon, souvent in situ, pastels et aquarelles pour des œuvres souvent très abouties et enfin l’huile.
Achille Benouville se rend à plusieurs reprises près du lac d’Albano situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Rome sur la via Appia. Les mentions portées sur certains de ses dessins attestent de sa présence régulière dans cette région dès 1839 et jusqu’en 1871. Il fréquente alors les abords de la villa Doria d’Albano Laziale dont le parc arboré lui sert de motif pour de nombreux paysages. Une de ces vues, peinte par Benouville sur un panneau de bois, représente un paon à l’ombre de chênes tortueux. Partant du centre de la composition et fermée sur la gauche par un tronc, une large ouverture dégage la vue vers le lointain où quelques villas bordent l’étendue bleutée du lac. Le volatile tourne la tête vers l’horizon lumineux et semble attendre l’apparition du soleil matinal. L’œuvre, titrée Le Paon, est restée la propriété du peintre jusqu’à sa mort, puis fut conservée par ses descendants jusqu’à aujourd’hui. Une autre peinture de même sujet et de même dimension est signalée dans le catalogue raisonné de l’œuvre rédigé par Marie-Madeleine Aubrun comme correspondant au numéro 53 de la vente de l’atelier du peintre le 16 janvier 1901. Référencées respectivement sous les numéros 300 et 301, ces deux peintures correspondent à la même œuvre, probablement rachetée pendant la vente par l’un des membres de la famille du peintre.
La villa Doria, où est peinte cette vue, accueille un grand nombre d’artistes de passage en Italie. Vers 1835, le peintre Alexandre-Gabriel Decamps réalise plusieurs vues du parc dans lesquelles on peut également voir des paons en liberté. Le bâtiment subit les bombardements alliés en 1944 et est rasé en 1951.