Bateaux pris dans la tempête, vers 1791-1795
Huile sur panneau
26,4 x 42,5 cm
Signé en bas à gauche Vallin
Marque d’inventaire en cyrillique au revers
Fils d’un sculpteur-ciseleur parisien, Jacques-Antoine Vallin entre à l’école de l’Académie à l’âge de quinze ans. Durant les dernières années de l’Ancien Régime, il se forme dans les ateliers d’Antoine Renou et de Gabriel-François Doyen avant d’exposer pour la première fois au Salon de 1791. Pour ses participations aux grandes expositions publiques de l’époque révolutionnaire, Vallin alterne entre deux types de sujets : les paysages animés de figures mythologiques et les marines. Les amateurs de la seconde moitié du XVIIIe siècle apprécient particulièrement les toiles illustrant des scènes de naufrages ou de tempêtes vues depuis les côtes. Joseph Vernet, le maître du genre en France, n’est décédé que depuis deux ans lorsque Vallin expose pour la première fois une œuvre dans sa manière. Ce dernier, en quête de reconnaissance, peut penser que le public orphelin fera bon accueil à ce type de sujet. D’autres artistes tels que Pierre Wallaërt, Jean-François Hue ou Jacques Taurel montrent eux aussi des marines tumultueuses. Si le thème n’est pas nouveau, il entre alors en résonance avec les évènements de la dernière décennie du siècle. Le spectacle d’une nature aussi déchaînée qu’insaisissable, associé à ses conséquences pour l’homme, ne peut qu’évoquer aux yeux des spectateurs les bouleversements terribles des heures les plus sombres de la Terreur.
Une huile sur panneau, non datée, illustre parfaitement la voie choisie par Jacques-Antoine Vallin à ses débuts. De petit format, l’œuvre représente une marine. La ligne d’horizon basse divise la composition en deux parties et laisse une large place au ciel chargé de nuages. Sur la gauche, trois hommes déposent le fruit de leur labeur sur un rocher tandis qu’une femme, debout, lève les bras en regardant vers le lointain. La mer déchaînée menace de faire chavirer une barque de pêcheurs tentant de rejoindre la côte et bouscule deux grands voiliers qui s’enfoncent dans la tempête. La partie basse du premier plan est presque entièrement occupée par une vague en rouleau et son écume dont les nuances de vert absinthe accrochent la lumière en associant le terrible au sublime. Le musée de la Révolution française à Vizille conserve une toile de grand format datée de 1795 représentant également une scène de naufrage. Moins d’une dizaine de peintures de ce type peuvent être recensées dans l’ensemble de l’œuvre de Vallin, le peintre cessant définitivement d’en exposer après 1798.
Par la suite, les bacchantes et les nymphes allongées entourées de jeunes amours dans des paysages antiquisants deviendront la marque de Vallin. Suivant la mode néo-classique, le peintre répond à une demande du public, en attente de plus de légèreté, et connaît un tel succès que ses œuvres sont largement copiées et imitées durant le premier tiers du XIXe siècle.