Théodore CHASSÉRIAU (1819-1856)

Ange, vers 1850-53
Crayon sur papier
15,5 x 24 cm
Signé en bas à gauche Théodore Chasseriau

Théodore Chassériau naît sur l’île de Saint-Domingue en 1819. Son père, un diplomate français en Amérique du Sud étant souvent absent, Théodore est placé sous la tutelle de son frère aîné à Paris en 1822. À onze ans, il est inscrit à l’École des Beaux-Arts et rejoint l’atelier de Jean-Auguste Dominique Ingres jusqu’au départ de ce dernier pour Rome en 1835. Trop jeune et sans finances suffisantes pour suivre son maître, il doit attendre 1840 et ses premiers succès au Salon pour découvrir l’Italie en compagnie d’Henri Lehmann, son ancien camarade d’atelier. Ses relations avec Ingres se compliquent pendant ce voyage et les deux hommes se brouillent définitivement. À son retour, Chassériau se rap- proche d’Eugène Delacroix, sans renier pour autant l’enseignement de son premier maître dont on perçoit l’ifluence dans les fresques qu’il réalise en 1843 pour l’église Saint-Mer- ri. Fasciné par l’Orient qui transparaît déjà dans ses œuvres, le peintre se rend en Algérie en 1846 sur l’invitation du calife de Constantine.

En 1850, alors qu’il vient d’achever l’exécution d’un cycle de fresques pour la Cour des comptes, Chassériau reçoit une importante commande pour l’église Saint-Roch à Paris. Le programme iconographique qui doit se développer sur les deux parois de la chapelle des baptêmes mêle l’exotisme aux thématiques religieuses qui lui sont imposées. À l’est, le peintre illustre Saint François Xavier baptisant les Indiens et à l’ouest Saint Philippe baptisant l’eunuque de la reine d’Éthiopie. Pour cette deuxième scène inspirée du Nouveau Testament (Actes des Apôtres, VIII, 26-40), Chassériau réalise un grand nombre d’esquisses et semble avoir beaucoup hésité, tant pour la composition générale que pour les attitudes des différents personnages. La figure de l’eunuque, au centre, baisse la tête pendant que Philippe le baptise. Sur la gauche, la caravane du ministre de Candace est l’occasion pour le peintre d’intégrer un groupe d’inspiration orientale. L’analyse des nombreux dessins laissés par Chassériau montre que l’ange placé à gauche de l’apôtre est la figure qui évolue le plus au l des études. Sur une de ces feuilles, l’envoyé divin est re- présenté horizontalement dans son intégralité. Le visage de pro l et les bras repliés sur la poitrine, l’ange dont le corps est entièrement drapé, survole les nuages, les ailes déployées. Sa place dominante sera finalement réduite, dans l’œuvre achevée, à un rôle secondaire.

En 1856, trois ans après la mise en place de ces deux décors dans l’église Saint-Roch, Chassériau décède prématurément. Son ami Théophile Gautier sera alors chargé de prononcer l’oraison funèbre. « Chassériau est mort à 37 ans, comme Raphaël, dans la plénitude de la vie et du talent… Il savait et pouvait. Parti d’Ingres, ayant traversé Delacroix comme pour colorer son dessin si pur, il était depuis long- temps lui-même un maître ».

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