Paul HUET (1803-1869)

La Belle Forestière, 1844
Aquarelle
13,5 x 20,3 cm
Trace du cachet de l’atelier (Lugt n°1268)
Ancienne collection Pierre Miquel
Bibliographie : P. Miquel, Paul Huet : de l’aube romantique à l’aube impressionniste, Éditions de La Martinelle, 1962, reproduit p. 129

Vendu

En 1843, Claire Sallard est encore une fraîche demoiselle originaire « d’une excellente famille du Mans ». Le peintre paysagiste Paul Huet est lui un veuf inconsolable de quarante ans. Ses amis qui s’inquiètent de plus en plus de son état lui cherchent une nouvelle compagne, et par leur entremise, l’artiste rencontre la jeune femme de plus de vingt ans sa cadette. Elle le repousse d’abord naturellement mais Huet, séduit, oublie peu à peu son chagrin et se lance dans une cour à priori vouée à l’échec. Claire déclarait, selon les mots rapportés par l’un des fils de Paul Huet, « qu’elle n’épouserait jamais ni un veuf, ni un homme petit, ni un homme portant sa barbe, ni un homme à lunettes, ni un homme plus âgé, etc. » ; description assez fidèle du peintre prétendant. Mais elle finit par céder et leur mariage fut célébré au Mans le 21 août 1843.

Réalisée probablement moins d’un an après leur union, cette Belle Forestière représente Claire allongée, nue sur une peau de panthère bordée de velours rouge. Placé dans un sous-bois, le modèle amateur soulève maladroitement un voile pour se découvrir et nous regarde d’un air coquin. Les nombreuses références artistiques, que l’on pourrait légitimement associer à la scène, ne retirent rien au léger sentiment de gêne face auquel le peintre nous installe. Claire est la Suzanne consentante dont nous sommes les vieillards involontaires. Cette aquarelle précède de dix ans les grandes Baigneuses de Courbet, et comme ces dernières, la jeune mariée n’a rien de la beauté idéale des Vénus académiques. Le ventre arrondi, les hanches larges, elle ne cache rien de sa pilosité intime. Le couple quitte rapidement le Mans et Paris pour s’installer à Nice où Paul Huet conserve une maison. Claire est enceinte au début de l’année 1844. Cet état pourrait alors justifier ses formes généreuses et faire de la Suzanne biblique de notre aquarelle une Danaé antique. Paul et Claire eurent deux enfants, René qui naîtra cette année-là, puis Edmée deux ans plus tard.

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