Paul FLANDRIN (1811-1902)

Paysage de l’Oise, 8 juin 1847
Parc du château de la Taule à Ressons-sur-Matz ?
Huile sur papier marouflée sur toile
29 x 21 cm
Daté en bas à gauche 8 juin 1847

Vendu au musée département de l’Oise, Beauvais

Paul Flandrin est l’un des rares élèves d’Ingres avec Edouard Bertin et Alexandre Desgoffes (son futur beau-père) à être resté célèbre pour ses paysages. Issu d’une famille de peintres lyonnais, Paul Flandrin prend ses premières leçons de dessin avec son frère ainé Auguste Flandrin. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Lyon, Paul et son autre frère Hippolyte se rendent à Paris où ils rejoignent l’atelier d’Ingres en 1829. Quelques années plus tard en 1832, Hippolyte remporte le grand prix de Rome en peinture d’histoire et part la même année en direction de la villa Médicis à Rome. Paul de son côté remporte cette année là le concours d’esquisses de paysage historique, mais échoue au grand prix de peinture d’histoire. Il décide néanmoins de rejoindre son frère à Rome au près d’Ingres pour parfaire sa formation. Son attirance pour le paysage ne fait que se renforcer en découvrant la campagne romaine et les lumières de l’Italie. Dès son retour à Paris en 1839, Paul Flandrin expose au Salon deux œuvres pour lesquelles il reçoit une médaille de seconde classe. Ne pouvant pas encore vivre de sa propre peinture, Paul Flandrin aide son frère qui vient de recevoir sa première commande importante pour l’église Saint-Séverin à Paris. Par la suite Paul Flandrin continuera de travailler dans l’ombre de son frère lors de la réalisation de nombreuses commandes pour des édifices publics ou privés (château de Dampierre, église Saint-Paul à Nîmes, Saint-Vincent-de-Paul à Paris, Saint-Germain-des-Prés à Paris ou encore Saint-Martin-d’Ainay à Lyon).

Notre tableau est daté, gratté dans la patte, du « 8 juin 1847 », période durant laquelle Paul Flandrin séjourne au château de la Taule à Ressons-sur-Marz, près de Compiègne. Le comte de Baussiers l’y ayant invité à travailler dans son parc on peut penser que notre paysage réalisé pendant son séjour dans l’Oise, représente une partie boisé du parc du château.
Une lettre d’Hippolyte Flandrin à Paul, datée du 12 juin 1847, confirme sa présence au château de la Taule :

« A Monsieur Paul Flandrin – Au château de la Taule, à Ressons – Paris le 12 juin 1847. Je te remercie de nous avoir écrit tout de suite ; on est toujours bien aise de savoir son voyageur arrivé au gite et sans encombre. Nous avons confiance dans la bonté et l’amabilité de tes hôtes, mais saint Ménard et saint Barnabé nous menacent de tristes moments, car, aujourd’hui encore, il a plu beaucoup et je me suis facilement représenté tous tes ennuis. Ce soir je suis sorti un instant, et je viens de voir le soleil rouge, mais sans nuages. Espérons que les deux bons saints nous laisseront quelques heures pendant lesquelles tu pourras peindre tes études. » (Henri Delaborde, Lettres et pensées d’Hippolyte Flandrin ; 1865)

Dans cette peinture réalisée quatre jours avant la rédaction de cette lettre par son frère, une lumière blanche, laiteuse, répond au camaïeu vert des feuillages, et contraste avec les jeux de bleus et d’ocres des vues d’Italie produites par l’artiste quelques années auparavant. Paul Flandrin semble s’éloigner de l’idéalisation ingresque de ses paysages antérieurs, sans perdre pour autant la charge contemplative voir métaphysique qui fait sa marque.

La marque du marchand de toile au dos, ‘‘Mme Vve Haro’’ sur le châssis, nous permet de dater assez précisément le marouflage de l’œuvre sur toile de l’année suivant sa réalisation soit en 1848, cette marque semble avoir été apparemment utilisé par la maison Haro uniquement cette année là. A l’occasion de cette opération l’œuvre a été légèrement agrandie en partie basse pour s’adapter à la taille du châssis.

Paul à la différence de son frère qui décède en 1864, connait une longue carrière jusqu’à sa mort à l’âge de 91 ans en 1802. Il reçoit de nombreuses commandes de l’état, et est nommé chevalier de l’ordre de la Légion d’Honneur en 1852. A partir de cette date l’état achète régulièrement aux salons, un paysage de l’artiste qui est envoyé pour enrichir les collections des musées de province. Aujourd’hui les musées du Louvre, de Lyon, de Nantes et de Beauvais entre autre, conservent et exposent des œuvres du peintre.

 

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