Paul CHENAVARD (1807-1895)

Le Purgatoire, 1848-1851
Crayon sur papier calque
28,5 x 28,5 cm
Signé du monogramme en bas à gauche Ch

Vendu

Paul Chenavard étudie à l’école des Beaux-Arts de Lyon où il a pour professeur Pierre Révoil. En 1824, il rejoint l’atelier d’Hersent à Paris, puis sur les conseils de son cousin l’architecte Antoine-Marie Chenavard, intègre celui d’Ingres. Après deux années pendant lesquelles il fréquente régulièrement Eugène Delacroix, Chenavard quitte la France en direction de Rome. La découverte des fresques de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine marque alors durablement son œuvre. Durant son séjour, il s’intéresse à la philosophie et développe une idée syncrétique et très personnelle de la peinture religieuse. De cette époque datent ses premiers projets pour un cycle illustrant « l’épopée de l’homme à travers les épreuves de l’histoire ». Ce grand projet semble pouvoir trouver un aboutissement lorsqu’en 1848, sur l’intervention de Charles Blanc, le ministre Alexandre Ledru-Rollin lui confie l’ensemble des décors de l’intérieur du Panthéon. Chenavard décrit son programme iconographique comme la représentation de « la marche du genre humain dans son avenir à travers les épreuves et les alternatives de ruines et de renaissance ».

Cette commande est exceptionnelle au regard de la tâche monumentale à accomplir pour un seul homme et Chenavard demande l’aide des peintres Bézard, Papety, Brémond et Comairas pour la réalisation des maquettes. Entièrement peinte à fresque, la partie gauche de l’édifice devait être consacrée à l’ère païenne, le chœur aux préceptes de L’Évangile depuis l’antiquité et la partie droite aux temps modernes. Sur le sol traité en mosaïque, Chenavard projetait de placer une gigantesque composition circulaire illustrant la philosophie de l’histoire sur le modèle de L’École d’Athènes de Raphaël. Elle devait être entourée par ses interprétations de l’enfer, du purgatoire, de la résurrection et du paradis. La composition du purgatoire, telle que visible sur le dessin préparatoire, devait se développer en tondo dans le bras droit du plan en croix byzantine au sud du bâtiment. Pour Chenavard, le purgatoire est un espace d’attente où les âmes patientent indolentes avant d’entrer au paradis. Casella, le musicien florentin du XIIIe siècle, si cher à Dante, agrémente par ses chants cette lente période intermédiaire. Sur la droite une barque guidée par un ange accueille les âmes qui ont enfin reçu le droit de rejoindre le paradis.  

Malheureusement Le Purgatoire, comme le reste du programme, ne verra jamais le jour. En 1851, Napoléon III annule la commande et restitue le Panthéon au culte catholique qui ne peut se satisfaire de la vision hérétique de Chenavard. L’artiste reçoit malgré tout l’autorisation d’exposer l’ensemble de ses cartons préparatoires pendant l’Exposition universelle de 1855 et espère pouvoir relancer le projet. L’incompréhension du public et le mauvais accueil que réserve la critique à ses œuvres enterrent alors définitivement tout espoir pour Chenavard. L’artiste ne se remit jamais vraiment de cet échec.

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