Louis-Jean DESPREZ (1743-1804)

Le Squelette d’Arlequin, 1789
Encre et lavis d’encre noire sur papier
18,7 x 25 cm
Au revers : tête d’homme casqué

Vendu

La figure d’Arlequin, dont les origines incertaines remonteraient à la République romaine, est l’un des protagonistes récurrents de la commedia dell’arte en Italie. Le personnage est tour à tour un idiot dilettante ou un facétieux diablotin à l’intelligence machiavélique. Seul son costume haut en couleur conserve une certaine constance. Associé à Pierrot et Colombine aussi bien qu’à Pluton et Proserpine, il est conduit sur scène des faubourgs de Naples jusqu’aux bouches des enfers. La première mention d’un Arlequin confronté à la mort apparaît dans une pièce de Jean-François Regnard, La descente d’Arlequin aux Enfers, jouée en 1689. Suivront tout au long du XVIIIe siècle des ballets tels qu’Orphée ou Arlequin aux Enfers en 1711 ou encore la pantomime d’Arlequin au Tombeau dont la représentation a lieu à Versailles, devant la cour, le 12 octobre 1741. Le décor de scène finale de cette pièce est dé- crit alors comme « un endroit destiné à la sépulture des morts où l’on voit un tombeau avec tous ses ornements funèbres. » Louis-Jean Desprez a étudié l’architecture à l’Académie royale de Paris. À partir de 1777, il séjourne régulièrement en Italie et collabore comme graveur avec Francesco Piranesi, le fils de Giovanni Battista Piranesi, auteur de la célèbre série des Prisons imaginaires. À cette époque, Desprez attire l’attention du roi Gustave III de Suède qui l’invite à le suivre pour prendre en charge les décors de l’opéra de Stockholm. Très rapidement il est nommé premier architecte du Roi, titre qu’il conserve jusqu’à sa mort en 1804. En 1789, Desprez conçoit à la demande de Gustave III le décor pour une pantomime intitulée Le squelette d’Arlequin. Si nous ne connaissons pas le propos exact du livret, il est fort probable qu’il découle de celui de la pantomime jouée à Versailles en 1741 et dont la version publiée avait pu atteindre la Scandinavie du XVIIIe siècle profondément francophile. Sur son projet tracé au lavis d’encre noire, Desprez représente Arlequin sous les voûtes d’une crypte dont l’architecture complexe rappelle indubitablement celle des Prisons imaginaires de Piranesi. Au centre, une vasque enflammée dont une épaisse fumée s’échappe masque partiellement la façade d’un temple à l’antique. Dans la pénombre, sur la gauche, le squelette qui donne son titre à la pièce est assis sur une tombe. Il se retient à une chaine maintenue par une poulie et semble converser avec Arlequin. Au revers de la feuille, l’artiste a esquissé au crayon un profil prétexte à l’étude d’un casque, probable projet pour un costume. En 1992, le Nationalmuseum de Stockholm a consacré une exposition et un catalogue richement documenté sur l’œuvre de Desprez en Suède, tant comme architecte que comme décorateur de théâtre. L’essentiel de sa production est aujourd’hui conservé dans son pays d’adoption.

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