Lancelot-Théodore TURPIN de CRISSÉ (1782-1859)

Soleil couchant dans la mer, vers 1826
Huile sur papier marouflé sur toile
20,5 x 25 cm
Cadre d’origine avec cartouche au nom de l’auteur

Vendu

« C’est ordinairement le soir que le spectacle de la pêche s’offre à l’étranger avec le plus d’intérêt (…) » écrit Turpin de Crissé en décrivant un coucher de soleil depuis la plage de Chiaja. Publiés en 1828, ses Souvenirs du golfe de Naples présentent une sélection de vues napolitaines issues des voyages en Italie que le peintre entreprit en 1808, 1818 et 1824. L’image figure dans ces Souvenirs par le biais d’une gravure placée en cul-de-lampe et titrée « Soleil couchant dans la mer » que l’on doit à Devilliers et Bosc. La composition réduite à deux personnages s’inspire, bien que simplifiée, d’une huile sur papier peinte probablement vers 1826 d’après un dessin fait sur le motif. La plage du faubourg de Chiaja se situe à l’ouest de Naples, entre le Castel dell’Ovo et le Pausilippe. Outre la localisation de la scène, le texte de Turpin accompagnant la gravure signale que les pêcheurs sont sur le point d’aller se reposer, tandis que leurs femmes préparent le repas du soir. Les voiles étendues sur les rames servent de coupe-vent à la famille. Si Turpin a souvent représenté des marines pour elles-mêmes, cette scène lui donne l’occasion de développer un propos sur le mode de vie des lazzaroni et, de manière plus générale, des Napolitains. 

L’Italie, et Naples en particulier, sont intrinsèquement associées à la carrière de Turpin. À dix-huit ans, le jeune artiste qui n’avait jusqu’alors reçu qu’une formation artistique dans le cercle familial, entreprend plusieurs voyages d’étude grâce au soutien du comte de Choiseul-Gouffier. Après avoir visité la Suisse en 1803, il découvre l’Italie cinq ans plus tard. Lors de ce premier séjour, Turpin visite Rome, Florence ou encore Naples et se lie d’amitié avec François Marius Granet. Par la suite, il retourne très fréquemment en Italie, comme en témoignent ses dessins et ses envois au Salon. 

C’est probablement lors de son voyage de 1824 que Turpin peut voir et décrire ces pêcheurs devant un soleil couchant. Pendant ce dernier séjour italien avant la publication de ses Souvenirs du golfe de Naples, le peintre visite trois mois durant Livourne, Pérouse, Mantoue et Venise mais retourne également à Naples. À cette occasion, l’artiste semble avoir porté un intérêt tout particulier aux pêcheurs napolitains. Il les a représentés tantôt avec leurs bateaux, tantôt endormis chez eux ou en pleine réflexion sur un rocher, ou comme ici capturés sur le vif pendant un moment de vie familiale. Tout en manifestant un goût pour le pittoresque et les gens humbles, Turpin bénéficie tout au long de sa carrière du soutien des élites de son temps. Auparavant fidèle aux Bonaparte – certains lui prêtent une relation avec l’impératrice Joséphine –, il devint par la suite un des peintres en vogue de la Restauration. L’ouvrage publié en 1828 est dédicacé à la duchesse de Berry. Née dans le royaume de Naples, Marie-Caroline de Bourbon-Sicile appréciait particulièrement cette esthétique pittoresque.




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