Jean-Léon GÉRÔME (1824-1904)

Étude pour la figure de Joseph dans Le Siècle d’Auguste, vers 1852-55
Sanguine sur papier
14,5 x 14,5 cm
Signé sur la droite JL. Gérome
Provenance : ancienne collection Doré-Graslin

Vendu

Le 15 mai 1855 s’ouvre à Paris la deuxième Exposition universelle. La première édition ayant eu lieu à Londres quatre ans plus tôt, Napoléon III tient à marquer les esprits dès le début de son règne. En parallèle est organisée une Ex- position universelle des Beaux-Arts. Cette manifestation pro- pose une rétrospective des œuvres d’Ingres et de Delacroix, véritable consécration nationale pour les deux peintres. Jean- Léon Gérôme n’est encore qu’au début de sa carrière et souhaite faire un coup d’éclat. Le Siècle d’Auguste, une toile monumentale de plus de six mètres sur dix, s’inspire d’un passage du Discours sur l’histoire universelle de Bossuet : « Tout cède à la fortune de César : (…) Rome tend les bras à César, qui de- meure, sous le nom d’Auguste, sous le titre d’empereur, seul maître de tout l’Empire. (…) Tout l’univers vit en paix sous sa puissance, et Jésus-Christ vient au monde. ». L’empereur Auguste, dominé par le temple de Janus, siège au centre de la composition. Il est entouré par les personnalités majeures de son temps, politiques, littéraires et artistiques. En bas de la première volée de marches, le corps de César gît sur le sol tandis qu’au premier plan, une nativité rappelle que le Christ a vu le jour sous le règne du premier empereur de Rome.

Protégé par les ailes d’un ange, l’Enfant Jésus, source de lumière, éclaire le visage de ses parents. Marie, en bleu, se tient à genoux sur la gauche face à Joseph qui, vêtu d’une robe de bure, incline la tête vers son ls. Le dessin préparatoire pour cette figure, tracé à la sanguine, étudie avec minutie la physionomie du modèle et les effets de la lumière sur son visage. Coupé à mi-buste, les épaules nues, le vieil homme occupe la partie inférieure d’un carré de papier. Au moment de cette étude, Gérôme ne s’intéresse ni aux mains du modèle ni à son vêtement qu’il ignore, mais parvient, en forçant les ombres sur chaque irrégularité, sur chaque ride, à restituer l’impression d’un puissant éclairage venant du bas, depuis l’extérieur de la feuille.

Pourtant véritable morceau de peinture chrétienne, cette nativité de Gérôme, écrasée au centre d’une composition à l’antique, met en avant des préoccupations plus historiques et politiques que profondément religieuses. Il est effectivement rare dans l’iconographie traditionnelle de mêler à l’histoire de Rome celle du Christ en la réduisant à un prétexte chrono- logique. Œuvre courtisane, Le Siècle d’Auguste a pour premier objectif de mettre en parallèle le Second Empire naissant et le siècle de l’apogée de Rome. Napoléon III, passionné par l’archéologie et par la figure de César auquel il a consacré une biographie, n’a pu que goûter les évidentes intentions du peintre.

Retour en haut