Jean-Jacques CHAMPIN (1796-1860)

Sentier dans la forêt de Fontainebleau, vers 1830
Huile sur papier marouflé sur toile
19 x 26,5 cm
Signé en bas à droite Champin
Porte une inscription au crayon au dos Forêt de Fontainebleau
Provenance : collection Georges et Solange Delauney

Vendu

La forêt de Fontainebleau tient une place essentielle dans l’histoire de l’art du paysage. Terrain privilégié des grandes chasses royales sous Louis XIV et Louis XV, elle sert de décor aux toiles d’Adam Frans van der Meulen au XVIIe siècle puis à celle de Jean-Baptiste Oudry au milieu du siècle suivant. À partir des années 1780, trois peintres, Lazare Bruandet, Jacques François Swebach-Desfontaines et Georges Michel fréquentent déjà les bois qui entourent le château et précèdent de plusieurs décennies les artistes qui constitueront ce que l’on nommera l’école de Barbizon. Au cours des années 1820, Théodore Caruelle d’Aligny, Jules Coignet et surtout Camille Corot viennent peindre sur le motif et chercher dans les paysages changeants de Fontainebleau une réminiscence de l’ambiance italienne qui les a tous guidés un jour sur la route de Rome. 

Champin est prénommé Jean-Jacques, en hommage à Rousseau le philosophe de la nature. Fils d’un graveur établi à Sceaux, il se forme dans les ateliers de Félix Storelli puis d’Auguste-Jacques Régnier, un ancien élève de Jean Victor Bertin. Si depuis 1823 le peintre entreprend de nombreux voyages, de la Bourgogne aux Pyrénées, puis dans les Alpes et jusqu’en Italie où il séjourne en 1830, il semble retourner régulièrement à Fontainebleau pour s’exercer à la peinture de plein air. Arrêté sur un sentier pédestre, l’artiste profitant de l’assise d’une pierre saisit une feuille de papier et son matériel de voyage. Il centre sa composition sur un chêne court et robuste qui penche sur le chemin et dont les branches hautes se détachent sur un fond de ciel bleu. L’ombre du tronc grise la terre ocrée mais laisse en évidence une balise de bois plantée là pour guider le marcheur. Ce discret témoignage de la présence humaine au cœur de la nature rappelle que des routes existent dans la forêt depuis le XVIe siècle. À l’époque où Champin arpente ces sentiers, paraissent les premiers guides à l’image de Quatre promenades en forêt de Fontainebleau publié par Étienne Jamin en 1837. Avec ses paysages variés, le site devient une réserve inépuisable de décors pour de nombreux artistes. Théodore Rousseau, Constant Troyon, Jules Dupré, Narcisse Diaz, ou encore Jean-François Millet viennent y peindre la nature pour elle-même, délaissant les prétextes historiques et mythologiques de leurs aînés. En faisant d’un arbre, de quelques plantes et d’un chemin caillouteux un motif en soi, Champin ouvre avec ses pairs la voie au paysage moderne. 

Principalement reconnu comme lithographe en son temps, Champin collabore avec Auguste-Jacques Régnier à l’illustration de plusieurs ouvrages en traduisant ses œuvres sur la pierre : Vues pittoresques des principaux châteaux et des maisons de plaisance des environs de Paris et des départements, publié en 1826, puis Habitations des personnages les plus célèbres de France depuis 1790, jusqu’à nos jours, publié entre 1831 et 1835.



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