Jean-François MILLET (1814-1875)

Étude pour La Baratteuse, vers 1855
Crayon sur papier
20 x 15,5 cm
Cachet de la vente après décès sur la droite J.F.M (Lugt n°1460)

Vendu

« Il n’y a pas de nature si grossière qui ne puisse être relevée par le style, M. Millet en est un exemple. Ses moissonneurs ne sont pas beaux certes, mais il y a en eux une force secrète, une robustesse singulière, une rare science de la ligne et d’agencement, un sacrifice intelligent des détails, une simplicité de ton local, qui donnent à ces rustres on ne sait quoi de magistral et de fier ; certains de ces patauds couchés étalent des tournures florentines et des attitudes de statues de Michel-Ange. ». En comparant Millet et Michel-Ange, Théophile Gautier illustre avec justesse la puissance qui se dégage de cette étude de femme. L’attachement de Millet au milieu rural et laborieux tient à ses origines.

Fils aîné d’une famille de paysans, il fut berger dans son enfance puis laboureur. Grâce à l’un de ses oncles, curé de village, il apprend à lire, d’abord la Bible, puis les grands classiques d’Homère à Shakespeare et de Montaigne à Victor Hugo. À vingt ans, cette culture humaniste associée à un goût précoce pour le dessin lui fait cesser son travail dans la ferme familiale pour aller étudier la peinture à Cherbourg. Trois ans plus tard, il reçoit une bourse qui lui permet d’inté- grer l’atelier de Paul Delaroche à l’École des Beaux-Arts. Il se fait connaître du public grâce à l’exposition de son premier tableau à sujet paysan, Le Vanneur, en 1848, qui lui est acheté par Alexandre Ledru-Rollin, un homme politique parmi les plus influents de la révolution de 1848. Un an plus tard, il s’installe à Barbizon sur les conseils de Charles Jacque. Le sujet de La baratteuse apparaît pour la première fois dans l’œuvre de Millet pour une gravure à l’eau-forte imprimée par Auguste Delâtre en 1855. Une femme droite et massive comme une caryatide antique bat la crème dans une baratte pour obtenir du beurre. À ses pieds, un chat se frotte contre ses jambes, attiré par l’odeur. Sur sa feuille d’étude, le peintre répète par deux fois le visage de son modèle. Dans la partie supérieure, la jeune femme s’exerce au mouvement mécanique du bâton dans la baratte ; puis Millet tourne sa page pour esquisser la figure du chat à de multiples reprises et finit par occuper tout l’espace disponible. Onze ans plus tard, il répètera la composition de sa gravure pour un grand pastel aujourd’hui conservé au musée d’Orsay

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