Henri LEHMANN (1814-1882)

Étude d’ange pour Tobie et l’Ange, 1835
Huile sur toile
35 x 27,5 cm
Porte une longue mention au revers de la toile difficilement lisible indiquant Brandon (?), Lehmann et 1835
Provenance : collection Pierre Miquel (1921-2002) ; sa vente, Paris, Rossini, Me Pascale Marchandet, 2 avril 2004, n° 820 (comme « attribué à Henri Lehmann » sous le titre « Tête de femme ») 

Vendu

Né à Kiel dans le duché de Holstein en 1814, Henri Lehmann débute sa formation artistique auprès de son père, Leo Lehmann. Arrivé à Paris en 1831, il intègre rapidement l’atelier de Jean-Auguste-Dominique Ingres. En 1835, le jeune Lehmann expose pour la première fois au Salon. Il y présente trois portraits ainsi qu’une toile au sujet inspiré par un épisode de l’Ancien Testament : Le Départ du jeune Tobie emmené par l’ange Raphaël. La même année, à la suite d’une commande de la Société des Amis des Arts de Hambourg, il illustre une nouvelle fois le personnage de Tobie associé à Raphaël. Non localisé par Marie-Madeleine Aubrun dans son catalogue raisonné de 1984, Tobie et l’Ange est depuis réapparu plusieurs fois aux enchères sur le marché de l’art londonien. Tobie, assis au bord d’un fleuve et appuyé à un arbre, trempe son pied dans l’eau alors qu’un poisson s’en approche. Un ange aux traits féminins, installé près de lui, dort la tête appuyée sur sa main. À l’arrière-plan, Lehmann peint le désert ainsi que quelques palmiers. Cette scène illustre le moment précis où Tobie est attaqué par un poisson qui tente d’avaler son pied en sortant des eaux du Tigre. Sur les conseils de Raphaël, lequel ne lui révèle pas son identité, Tobie capture l’animal et en retire le fiel, le cœur et le foie, afin de guérir la cécité de son père. 

Le MUDO-Musée de l’Oise à Beauvais conserve une esquisse de la composition générale. D’autres études de ce Tobie et l’Ange furent vendues en juillet 1835 pour la somme de 3 000 francs mais ne semblent pas avoir réapparu sur le marché de l’art depuis. Pour exécuter la figure de Raphaël, le peintre réalise une étude à l’huile sur toile. Sur un fond bleu uni, le visage de l’ange, ovale comme souvent chez Lehmann, est entouré d’une abondante chevelure, partagée en deux bandeaux. Le drap qui l’enveloppe est gris foncé, contrairement à la version définitive où l’ange sera habillé de blanc et rose. Lehmann ne lui attribue pas encore un nimbe crucifère, ce qui explique que l’étude ait été jusqu’ici considérée comme un « portrait de femme ». 

En raison de sa nationalité allemande, Lehmann ne peut concourir au Prix de Rome. Il part donc en 1838 à ses frais rejoindre son maître alors directeur de l’Académie de France à Rome. De retour à Paris en 1842, il peut enfin entamer une brillante carrière officielle. L’histoire de Tobie sera un thème récurrent tout au long de sa carrière : après Le Départ de Tobie et Tobie et le poisson en 1835, suivront Le Mariage de Tobie en 1836, L’Éducation de Tobie en 1859, et enfin L’Arrivée de Sarah chez les parents de Tobie en 1865.

Retour en haut