Gustave DORÉ (1832-1883)

Pleine lune sur des ruines, vers 1874
Pierre noire et gouache sur papier
45,5 x 25,1 cm
Signé en bas à droite G Doré
Cachet de la collection Hector Giacomelli (L.1311)

Vendu

D’origine alsacienne, Gustave Doré fut peintre, sculpteur et graveur mais reste surtout dans les mémoires comme le plus célèbre illustrateur du XIXe siècle. Travaillant d’abord pour les journaux comme caricaturiste, il rêve très tôt de se faire un nom. En 1861, il finance la publication d’une version illustrée de L’Enfer de Dante. L’immense succès populaire et critique de l’ouvrage lui ouvre la porte des éditeurs. Suivront les illustrations pour La Bible, Les Contes de Perrault et Les Fables de La Fontaine qui restent encore aujourd’hui les modèles imagés de ces textes dans la culture collective. Utilisées pour les versions anglaises de ces ouvrages, ses œuvres, largement diffusées, font de lui l’un des artistes français les plus célèbres outre-Manche.

Fort de cette notoriété, il effectue son premier voyage à Londres en 1868. Accompagné par son ami Blanchard Jerrold, journaliste au Daily News, il visite la ville jusque dans ses moindres recoins. L’artiste y retourne l’année suivante et ouvre la Doré Gallery qui exposera ses œuvres jusqu’en 1892. Par la suite, Gustave Doré revient en Angleterre chaque année. En 1873, sur l’invitation du colonel Teesdale, le peintre visite l’Écosse. La découverte des Highlands, d’Aberdeenshire, de Braemar, de Balmoral et de Ballater le marque durablement. Avec enthousiasme, il se met à parcourir la lande et dessine chaque jour, plaines et montagnes, châteaux et ruines. Pour lui, ces lieux transpirent le romantisme et évoquent les œuvres de Walter Scott. Les paysages, rares dans sa production antérieure, se multiplient tant au crayon qu’à l’aquarelle. Il s’agit alors d’œuvres à part entière que l’auteur ne destine pas à la gravure, d’où un changement profond dans sa technique.

Réalisée au fusain et à la gouache blanche sur un papier bristol, cette vue nocturne d’un château en ruine sous la lune conserve la spontanéité des œuvres de jeunesse du peintre. Celle-ci se mêle aux souvenirs des œuvres de Victor Hugo avec lequel il collabora pour l’illustration des Travailleurs de la mer. Au premier plan, un bassin circulaire est envahi par la végétation sauvage. Ses eaux noires sont dominées par les hauts remparts menaçants. Dans le ciel traité à l’estompe, la pleine lune s’échappe des nuages épais. Vision aussi mystérieuse que romantique, ce dessin fut probablement offert par Gustave Doré à son ami et collaborateur Hector Giacomelli. Le cachet de la collection de ce dernier apposé sous la signature de l’artiste témoigne pour le moins que ce dessin lui a appartenu.

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