Guillaume GUILLON LETHIÈRE (1760-1832)

La Mort de Virginie, vers 1828
Huile sur papier marouflé sur toile
18,5 x 32 cm
Provenance présumée : vente après décès du Dr. Samuel Hahnemann sous le n°77 ou 78

Vendu

La mort de Virginie est un des épisodes les plus dramatiques de l’histoire de Rome, relaté par Tite-Live et d’autres auteurs antiques. Fille d’un centurion de l’armée romaine et d’une ancienne esclave affranchie, Virginie avait la réputation d’être d’une grande beauté. En 449 avant J.-C., l’un des magistrats influents du décemvirat, Appius Claudius Sabinus, jeta son dévolu sur elle, mais Virginie se refusant à lui, il décida de l’offrir comme esclave à l’un de ses serviteurs. Ne pouvant s’opposer à cette décision, son père vint sur la place publique et préféra poignarder sa fille à mort plutôt que de la voir perdre sa liberté. Devant ce drame, le peuple se souleva et provoqua la chute du décemvirat.

Originaire de Guadeloupe, Guillaume Guillon Lethière remporta le second grand Prix de Rome en 1784, comme élève de Gabriel-François Doyen. Malgré sa deuxième place, il put partir en Italie grâce à une dérogation royale. Pensionnaire à Rome au début de la Révolution, Lethière suivit de près les événements politiques qui se déroulaient en France. Dès cette époque, il eut l’ambition de réaliser une série de quatre toiles monumentales illustrant les grands épisodes révolutionnaires de l’antiquité romaine, en reflet des événements contemporains. Il n’en réalisera finalement que deux : Junius Brutus condamnant ses fils à mort en 1811 et La Mort de Virginie en 1828.

Les premières études pour cette deuxième composition datent de 1795 et prouvent une gestation de plus de trente années. L’œuvre, qui fut exposée au Salon de 1831 un an avant la mort du peintre, est conservée aujourd’hui au musée du Louvre. Il existe un grand nombre de dessins et d’esquisses pour cette peinture. Le musée de Lille conserve une première esquisse de composition inversée, et le musée d’Orléans une seconde très proche de celle que nous présentons. Sous la forme d’une frise rappelant les hauts-reliefs de sarcophage antique, la scène se déroule sur un fond architecturé évoquant la Rome archaïque. L’artiste a choisi de placer le poignard ensanglanté au centre de la composition, repoussant sur la gauche le groupe des patriciens dominé par Claudius Appius, et sur la droite, le peuple rassemblé autour du père de Virginie. Guillaume Guillon Lethière exposa au Salon jusqu’à l’année suivante en 1832, date de sa mort, et laissa inachevé son cycle révolutionnaire conçu quarante ans plus tôt.

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