George SAND (1804-1876)

Caricature d’Eugène Delacroix, vers 1835-1840
Crayon sur papier
5 x 6,9 cm
Annoté et titré sur le support d’origine :
Eugène Delacroix par Georges Sand
Provenance : collection Hortense Zimmerman

Vendu

En 1834, Frédéric Buloz, le directeur de la Revue des Deux Mondes, commande à Eugène Delacroix un portrait de George Sand. Cette peinture devait servir de modèle pour l’illustration des articles de la femme de lettres. Les deux artistes se rencontrent pour la première séance de pose au mois de novembre, alors que Sand est au plus mal. Elle vient de rompre avec Musset et a coupé ses magnifiques cheveux longs pour les offrir à son ancien amant. Le peintre est profondément ému par la femme meurtrie dont il trace un portrait touchant. Coiffée à la garçonne, le regard triste dirigé vers le ciel, George Sand est représentée dans un camaïeu de brun, vêtue d’une large veste d’homme. Cette œuvre qui fut reproduite tant de fois par la suite était restée en main privée et vient d’être acquise par le musée Delacroix. Les deux grandes figures du romantisme se lient d’une amitié profonde et se retrouvent régulièrement dans les salons parisiens. Entre 1836 et 1838, alors que George Sand tombe lentement amoureuse de Frédéric Chopin, Delacroix sert de confident et quelquefois d’intermédiaire. À cette époque, les soirées mondaines s’enchaînent dans le quartier de la Nouvelle Athènes ; on discute d’art, de philosophie, de politique ; plus tard on se réunit dans un salon feutré, un verre à la main, autour du piano pour écouter Liszt puis Chopin. Certains écrivent sur le rebord d’une cheminée, d’autres dessinent sur un coin de table. La plume ou le crayon à la main, George Sand profitait de ces moments entre amis pour réaliser des caricatures de ses intimes. Nous connaissons un certain nombre de ces « charges », dans lesquelles Sand soulignait les caractéristiques physiques ou morales de ses modèles pour faire rire l’assistance. Si Chopin était l’une de ses cibles favorites, Delacroix connut à plusieurs reprises les outrages du crayon acéré de la jeune femme. À l’occasion d’une soirée au début des années 1840, probablement chez le pianiste Pierre Zimmerman, Sand réalisa ce petit portrait de son ami sur un bout de papier. D’un trait rapide, elle saisit sa chevelure ébouriffée, ses sourcils épais, sa moustache et son bouc, et réduit son nez à deux trous noirs pour les narines. À la fin de la soirée, George Sand dut offrir ce dessin à la femme de son hôte, Hortense Zimmerman, qui le colla dans son album en mentionnant sous le portrait l’identité de son auteur et celle de sa victime. Par la suite Eugène Delacroix devint un habitué de Nohant où George Sand avait sa maison de campagne. Le peintre y passait de longs séjours durant lesquels il dessinait les jardins et donnait ses premières leçons au petit Maurice, le fils de George. Cette profonde et sincère amitié, malgré quelques périodes de tensions, dura jusqu’à la mort du peintre en 1863.

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