Carl GOEBEL (1824-1899)

Vue de Gibraltar, 1864
Lavis d’encre, crayon et gouache blanche sur papier 
15,2 x 27 cm
Signé en bas à gauche C Goebel

Vendu

Fils du portraitiste Carl Peter Goebel, avec qui il ne faut pas le confondre, Carl Goebel est l’héritier d’une dynastie d’artistes. Son grand-père, Josef Klieber, sculpteur, fut directeur de l’Académie de Vienne et son oncle Eduard Klieber, un excellent peintre et lithographe. Élevé par ses grands-parents, Carl s’initie à la peinture et au dessin dès son plus jeune âge. Encore enfant, il débute ses études à l’Académie de Vienne dans l’atelier de Karl Gsellhofer. En 1848, récompensé par le prestigieux prix Füger, le jeune artiste termine ses études et débute sa carrière. Rapidement, il se spécialise dans l’art de l’aquarelle et accepte un poste de professeur de dessin à la cour du prince Alexander von Schönburg. Cette situation lui permet d’être introduit dans la haute société viennoise qui lui commande des portraits. Carl Goebel parcourt l’Europe, de Kiev jusqu’à Venise, puis visite le reste de l’Italie. Au cours de ses voyages, il rencontre le comte de Chambord, Henri d’Artois, pour qui il réalise des dessins. Entre 1860 et 1861, le peintre séjourne à Paris avant de se rendre à Belgrade où il est appelé pour réaliser le portrait du prince Mihailo Obrenović III et de son épouse. Artiste itinérant et grand voyageur, Goebel découvre l’Espagne qu’il traverse en 1864 pour gagner l’Afrique. 

Après des semaines de voyage, l’artiste atteint la ville de Gibraltar et son détroit, à la pointe sud de la péninsule ibérique. Territoire britannique depuis 1704, la presqu’île est dominée par son rocher. Haut de 426 mètres, ce monolithe calcaire était considéré dans l’antiquité comme l’une des deux colonnes d’Hercule avec le djebel Musa, qui lui fait face sur les côtes marocaines. Installé de nuit, probablement sur les hauteurs du jardin botanique, Carl Goebel est saisi par les effets de la lune qui donnent à la mer, légèrement agitée, des reflets d’argent. Au centre, le rocher, dans toute sa masse, se découpe sur un ciel couvert de nuages. Plongé dans la pénombre, le bras de terre qui relie le rocher au continent s’estompe jusqu’à disparaître, alors qu’un voilier à deux mâts s’approche du rivage. L’œuvre, malgré la totale absence de couleur, surprend par sa luminosité brillante. La technique de l’artiste, qui mêle l’encre noire diluée et de subtils rehauts de gouache blanche, s’apparente au travail d’un orfèvre ciselant son motif dans une plaque d’argent. Durant son bref séjour à Gibraltar, Carl Goebel réalise au moins un autre dessin, une grande aquarelle diurne représentant le jardin botanique, animée de soldats anglais. Cette dernière sera reproduite par la gravure de nombreuses années plus tard, en 1897, lorsque l’artiste fera éditer un recueil consacré à son voyage en Espagne. 

De retour d’Afrique, Goebel continue de voyager jusqu’en Hongrie et en Turquie d’où il rapporte de nombreux dessins de paysages et de costumes qu’il fera par la suite graver. Le comte de Chambord, le prince Schwarzenberg et le comte Lichnowsky ont collectionné ses œuvres.

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