Alexandre CABANEL (1823-1889)

Le Christ au prétoire, 1845
Huile sur toile
25,5 x 21 cm
Signé du cachet de la signature en bas à gauche
Historique : vente atelier Cabanel, Paris, 23 mai 1889, n°82

Vendu

Ils le revêtirent de pourpre et le ceignirent d’une couronne d’épines qu’ils avaient tressée. Et ils se mirent à le saluer : “Salut, roi des Juifs!” Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et ils lui crachaient dessus et, se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui. C’est ce passage de l’Évangile selon saint Marc, sous le titre de Christ au prétoire, qui servit de sujet pour le concours du Prix de Rome de 1845. Si traditionnellement le thème de l’épreuve finale du grand prix était puisé alternativement dans l’histoire antique et dans l’histoire biblique, aucun épisode tiré de la vie du Christ ne fut proposé aux candidats depuis la Révolution. Après deux échecs successifs en 1843 et 1844, le jeune Alexandre Cabanel mit cette année-là tout en œuvre pour réussir.

Le 24 mai 1845, comme tous les autres candidats admis au second essai, Cabanel put entendre le sujet avant de monter en loge pour réaliser son esquisse de composition. À la fin de cette première journée, sa petite toile fut copiée sur un calque contresigné par le professeur de surveillance. L’objectif était que chaque élève respecte scrupuleusement cette première idée pour la réalisation du grand format, en soixante-douze jours. Ce calque, portant la signature de Drolling, fut acheté en 1982 par l’École des Beaux-Arts et nous montre que Cabanel n’a pas respecté cette contrainte en s’éloignant quelque peu de son modelo. Si l’on retrouve approximativement l’ensemble des protagonistes resserrés autour de la figure du Christ, leur attitude et leur costume varient considérablement. Durant la longue période d’exécution de la grande peinture, les artistes produisaient d’autres esquisses intermé- diaires ainsi qu’un grand nombre d’études de détails, peintes ou dessinées. Cette petite peinture, qui reprend presque à l’identique la composition définitive fut très probablement réalisée par l’artiste comme souvenir personnel avant de quitter la loge. Il la conserva jusqu’à sa mort, comme en atteste sa présence dans la vente d’atelier du peintre en 1889.

Du fait des libertés prises par Cabanel entre sa première esquisse et sa proposition définitive, le jury lui préféra Léon Benouville, pour l’obtention du Grand Prix. Le hasard voulut cependant que le Grand Prix de musique ne fût pas dé- cerné en 1845, laissant par conséquent une place vacante à la Villa Médicis. Cabanel, après délibération du jury, reçut donc un second grand prix, qui lui permit de partir pour Rome jusqu’en 1850.

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