Achille BENOUVILLE (1815-1891)

Promenade de la villa Doria à Albano Laziale, vers 1859
Aquarelle sur papier
22,5 x 34,5 cm 
Cachet de la vente d’atelier en bas à gauche (Lugt 228b)
Provenance : vente de l’atelier, 16 janvier 1901, Paris, hôtel Drouot, peut-être n° 211 (comme « La terrasse ») ; conservé par la famille de l’artiste ; puis par descendance
Bibliographie : M.-M. Aubrun, op. cit., 1986, n° D. 169, p. 217 (comme « L’allée ombragée »), reproduit


Hormis quelques portraits, la production d’Achille Benouville est entièrement dévolue au paysage, d’abord près de Paris, autour de Compiègne et de Fontainebleau, puis en Italie. Son amitié avec le peintre Corot, qu’il accompagne à Rome en 1843, influence durablement son style. Arpentant la campagne, le peintre réalise une multitude de vues en diversifiant les techniques : peinture à l’huile, sur toile ou sur papier, mais également de nombreux dessins à l’encre, au crayon, au pastel et à l’aquarelle, souvent très aboutis.

Installé en Italie pendant plus de vingt-cinq ans, Achille Benouville se rend à plusieurs reprises au lac d’Albano situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Rome sur la via Appia. Les mentions portées sur certains de ses dessins attestent de sa présence régulière dans cette région dès 1839 et jusqu’en 1871. Il fréquente alors les abords de la villa Doria d’Albano Laziale dont les jardins lui servent de motif pour de nombreux paysages. Sur une grande aquarelle, l’artiste représente l’une des allées du parc célèbre pour ses chênes tortueux. Les arbres qui saturent la composition permettent au peintre d’exprimer une grande variété de lumières et de couleurs. Sur la droite, à contre-jour, un tronc large ferme la composition de sa masse sombre et découpe plus au centre une ouverture vers le lointain. Accoudée à la balustrade de pierre, une femme admire le paysage. Sa robe s’accorde avec le bleu du ciel et contraste avec la dominante ocre-brun des arbres qui la dominent. Une seconde version de notre aquarelle, mentionnée par Marie-Madeleine Aubrun dans son catalogue raisonné (n° D. 57bis, p. 184 : « Vue d’une terrasse avec de grands arbres »), porte une inscription de l’auteur avec la date de 1859, permettant de dater notre œuvre. 

Aux XVIIIe et XIXe siècles, la villa Doria accueille un grand nombre d’artistes de passage en Italie. Des peintres allemands et scandinaves fréquentent très tôt les lieux, mais aussi Camille Corot ou Antoine Ponthus-Cinier qui s’y arrêtent au cours de leurs voyages, comme en témoignent quelques-unes de leurs œuvres. Vers 1835, le peintre Alexandre-Gabriel Decamps réalise plusieurs vues du parc dans lesquelles on peut voir des paons en liberté. Dans une autre vue du parc de la villa, peinte à l’huile, Benouville intègre également l’un de ces paons. L’animal, à l’instar de la jeune femme de dos dans l’aquarelle, y semble fasciné par le paysage visible depuis les jardins qui dominent le lac. Le bâtiment principal de la villa Doria est détruit en 1944 par les bombardements avant d’être totalement rasé en 1951. Aujourd’hui ne subsiste plus que le parc, devenu un lieu public propice aux promenades.


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