Achille BENOUVILLE (1815-1891)

La Villa Médicis à Rome, 1858
Aquarelle sur papier
11,5 x 17 cm
Annoté en bas à gauche Rome 1858
Cachet de la vente d’atelier en bas à gauche (Lugt 228b)
Provenance : vente de l’atelier, 16 janvier 1901, Paris, hôtel Drouot ; conservé par la famille de l’artiste ; puis par descendance
Bibliographie : Marie-Madeleine Aubrun, Achille Benouville (1815-1891). Catalogue raisonné de l’œuvre, Paris, 1986, n° D. 53, p. 181

Acquisition par la Fondation Custodia

La Villa Médicis est construite au milieu du XVIe siècle par les architectes Giovanni et Annibale Lippi à la demande du cardinal Giovanni Ricci. Située sur la colline du Pincio à Rome, entre la Villa Borghèse et l’église de la Trinité-des-Monts, elle domine la piazza di Spagna et la piazza del Popolo. La Villa, entourée d’un parc de sept hectares, est acquise en 1576 par le cardinal Ferdinand de Médicis qui lui donne son nom. Ambassade de la famille Médicis jusqu’au début du XVIIIe siècle, elle est acquise en 1803 par Napoléon Bonaparte pour devenir le nouveau siège de l’Académie de France à Rome. Depuis 1793, date de l’incendie du palais Mancini, la situation des jeunes artistes français en Italie est compliquée par les luttes opposant le peuple de Rome et les armées françaises. Tout au long du XIXe siècle, la Villa Médicis accueille les lauréats des différents Prix de Rome décernés par l’Académie. Peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et musiciens y résident pour un séjour qui dure généralement cinq ans, et peuvent découvrir les richesses artistiques de la ville éternelle aux frais de l’État.  

En 1845, à presque trente ans, Achille Benouville, élève de l’École des Beaux-Arts, va bientôt atteindre la limite d’âge après laquelle il ne pourra plus participer au concours. Peintre de paysage ayant débuté au Salon dès 1834, Achille remporte in extremis le premier Prix de paysage historique sur le sujet d’Ulysse et Nausicaa et reçoit la somme de 600 francs pour financer son voyage à Rome. Avec son frère cadet Léon, peintre également, qui vient de gagner le prestigieux concours pour le Prix de peinture d’histoire, Achille quitte Paris pour commencer son pensionnat à la Villa Médicis. Le peintre connaît déjà bien l’Italie où il a fait trois séjours dont le dernier en compagnie de son ami Corot en 1843. La durée officielle de son pensionnat terminée, Achille décide de rester en Italie alors que son frère retourne en France pour entamer une brillante carrière. 

Installé à Rome depuis dix ans, le peintre fréquente toujours la Villa Médicis où il est reçu par les directeurs successifs. En 1858, le peintre Jean-Victor Schnetz, de retour depuis cinq ans à la tête de l’institution, autorise les anciens pensionnaires qui le souhaitent à venir travailler dans les jardins. Assis sur les hauteurs du Pincio, Achille Benouville pratique l’une de ses techniques de prédilection : l’aquarelle. Sur une feuille de petite dimension, il trace la façade ocrée de la Villa dominée par ses deux tours. La partie inférieure du bâtiment, côté parc, est masquée par le mur d’enceinte et les pins. Le jardin qui s’étend vers la droite de la composition laisse apparaître, mêlé aux nuages, l’emblématique dôme de la basilique Saint-Pierre. D’un geste rapide, le peintre pose au premier plan de grandes touches d’un vert lumineux qui contrastent avec le gris bleuté du ciel et accentuent l’éloignement de la Villa. 


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