Théodore ROUSSEAU (1812-1867)

La Dent de la Rancune dans la vallée de Chaudefour, 1830
Huile sur papier marouflé sur toile
18 x 22,5 cm
Certificat de Michel Schulman en date du 22.11.2015

Vendu

Théodore Rousseau s’initie au paysage dès l’âge de neuf ans avec son cousin le peintre Pierre-Alexandre Pau de Saint-Martin et intègre plus tard les ateliers du paysagiste Jean-Charles-Joseph Rémond et du peintre académique Guillaume Guillon Lethière. Dès son plus jeune âge, il voyage dans le Jura et en Auvergne, profitant de ses déplacements pour croquer inlassablement les paysages qu’il rencontre. La dent de la Rancune est l’une des roches remarquables de la vallée de Chaudefour en Auvergne.

Le rocher magmatique, au centre de la composition, domine une minuscule tache rouge, évocation d’une bergère qui guide ses moutons dans la vallée. Le site menaçant, tout comme le ciel chargé d’orage à l’arrière-plan, semble attendre, impassible, la tempête à venir. Paysage romantique par excellence, cette peinture est une parfaite illustration des rapports entre l’homme et la nature chez Théodore Rousseau. Son premier biographe, le critique Alfred Sensier, définissait cette relation comme «la pathétique impuissance de l’homme face à l’immensité de la nature». L’artiste nous a laissé un grand nombre d’études peintes et dessinées des sites auvergnats, qui atteste de l’influence du peintre Paul Huet et des maîtres de l’École anglaise sur ses premières œuvres.

Rousseau, qui participe au Salon dès 1831, se lie rapidement d’amitié avec la nouvelle génération des peintres qui formeront avec lui l’école de Barbizon : Corot, Millet et Dupré. Restant toujours légèrement en marge du mouvement réaliste, il fut tout à la fois admiré et incompris par ses contemporains. Régulièrement refusé au Salon, il dut attendre 1848 pour recevoir sa première commande officielle de l’État.Le critique d’art Théophile Thoré reconnaissait déjà son talent dans sa célèbre lettre ouverte, prologue à son Salon de 1844 : « La nature a pour toi des beautés mystiques qui nous échappent ». Artiste écologiste avant l’heure, Rousseau s’investit dans la lutte contre l’abattage des arbres qu’il qualifiait publiquement de «carnage».

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