Richard WESTALL (1765-1836)

Perdita, 1808
Huile sur panneau d’acajou
61 x 47,5 cm
Signé en bas à droite du monogramme RW et daté 1808

Vendu

Richard Westall est né en Angleterre dans la région de Norwich. À quatorze ans, suite au décès de sa mère et à la faillite de son père, il est envoyé à Londres en apprentissage chez un orfèvre graveur. Là, son maître l’encourage à devenir peintre et le recommande auprès d’un miniaturiste reconnu. En 1785, le jeune Richard intègre la Royal Academy of Arts et commence à exposer ses œuvres aux salons officiels. Cinq ans plus tard, il partage une maison au coin de Soho Square avec le peintre Thomas Lawrence qui devient son ami. Au début des années 1790, l’éditeur londonien John Boydell a l’idée de créer un musée entièrement dédié à l’œuvre de William Shakespeare. Après avoir connu une période de désintérêt à la fin du XVIIe siècle, le théâtre de Shakespeare redevient très populaire en Angleterre dans la seconde moitié du siècle suivant. Boydell décide d’exploiter cet engouement du public et fait appel aux meilleurs artistes de son temps pour illustrer une édition luxueuse des pièces du dramaturge. Richard Westall est sollicité pour cette entreprise aux côtés de Joshua Reynolds, Thomas Stothard, George Romney, Henry Fuseli, Benjamin West ou Angelica Kauffmann. Initialement destinées à la reproduction en gravures, les œuvres originales sont rassemblées dans un bâtiment construit par l’architecte George Dance, qui prendra le nom de Boydell Shakespeare Gallery.

Perdita est l’un des personnages du Conte d’hiver (The Winter’s Tale), pièce tardive de Shakespeare écrite vers 1610. Fille d’Hermione et de Léonte, roi de Sicile, elle est rejetée à la naissance par son père. La croyant fruit d’un adultère, il charge Antigonus de l’abandonner sur un lointain rivage pour y mourir. La petite fille endormie au bord de l’eau est allongée contre un rocher, sur un drap de pourpre, seul té- moin de ses origines royales. Westall traite le sujet avec la délicatesse d’un miniaturiste. Il ouvre le ciel d’orage pour laisser passer un rayon de lumière, signe d’espoir qui éclaire l’enfant avec douceur. Abandonnée sans défense dans cette forêt hostile, Perdita est recueillie par un vieil homme et son fils. Elle grandit auprès d’eux dans l’ignorance de ses origines puis devient une belle bergère qui épousera finalement un jeune prince.

La large diffusion des gravures d’après les œuvres shakespeariennes de Westhall apporte à l’artiste une renommée dans toute l’Europe. En France, Pierre-Paul Prud’hon a pu voir la Perdita ou une gravure la reproduisant : son célèbre portrait du Roi de Rome endormi, exposé au Salon de 1812, résonne étrangement avec l’œuvre de Westall. Le peintre londonien deviendra, à la fin de sa vie, le professeur de dessin de la future reine Victoria.

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