Paul DELAROCHE (1797-1856)

La Mort d’Élisabeth Ire, vers 1824
Aquarelle
34 x 27,5 cm

Paul Delaroche fut incontestablement l’un des artistes les plus célèbres de son temps, même si sa notoriété d’alors semble aujourd’hui occultée par l’omniprésence des oeuvres d’Ingres et de Delacroix. Formé dans l’atelier de Gros, il expose très tôt au Salon à l’âge de vingt-cinq ans et connaît un immense succès en 1824 avec sa Jeanne d’Arc malade. Delaroche apparaît dès lors delaroche louvrecomme le chef de file de la peinture de genre his­torique. En 1827, il entame la réalisation d’une oeuvre de très grand format inspirée d’une anecdote publiée dans l’Histoire d’Angleterre de David Hume: en 1603, la reine Élisabeth Ire d’Angleterre apprenant la mort de son favori, le comte d’Essex, s’effondre sur le sol et refuse d’être soignée.

Notre aquarelle semble être une des dernières études pour le tableau final. La composition d’ensemble qui s’inspire d’un dessin de Robert Smirke est ici déjà aboutie, de même que le choix des contrastes colorés et des effets de lumière. Plusieurs détails notables diffèrent cependant: l’attitude du ministre Cecil paraît ici plus apaisée, le conseiller debout à droite ne porte aucune décoration et le rideau est sans franges ni motifs. Si la partie droite est pleinement mise en couleur, la partie gauche reste inachevée et laisse apparaître largement le dessin au crayon.

L’oeuvre définitive, de très grand format, est exposée tardivement au Salon en 1828. Achetée par l’État pour la somme de six mille francs, elle reçoit un très bon accueil critique. Stendhal cite par deux fois le ta­bleau dans les meilleurs termes, saluant par exemple le vérisme historique de la scène. Malheureusement, les commentateurs ne seront pas toujours aussi tendres avec le peintre les années suivantes, lui reprochant sa quête permanente des honneurs et de la gloire. Il est alors qualifié « d’homme d’argent travaillant de routine et gagnant trois millions ». À partir de 1837, il cesse d’exposer aux salons et se consacre aux nombreuses commandes publiques et privées qui l’occupent jusqu’à sa mort en 1856.

Nous remercions le professeur Stephen Bann de nous avoir confirmé l’authenticité de cette oeuvre.

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