Merry-Joseph BLONDEL (1781-1853)

L’Homme qui court après la fortune et l’Homme qui l’attend dans son lit, vers 1815-1820
Pierre noire, lavis d’encre et rehauts de gouache blanche sur papier
12 x 15,7 cm
Signé du monogramme en bas à droite Bl.
Cachet en bas à gauche de la collection Defer-Dumesnil (L.739)
Annoté sur le montage à la mine graphite L’homme qui court après la fortune, et l’homme qui l’attend dans son lit / Fable de Lafontaine

Merry-Joseph Blondel étudie la peinture dans l’atelier de Jean-Baptiste Regnault. À l’École des Beaux-Arts, il rem- porte un grand nombre de récompenses, jusqu’à sa victoire au concours du Prix de Rome en 1803 sur le sujet d’Énée portant son père Anchise. Pour des raisons politiques, il doit cependant attendre 1809 pour partir en Italie et rejoindre la Villa Médicis à Rome grâce au soutien de son maître, Jean-Baptiste Regnault. Durant son séjour, il fréquente Ingres qui réalise son portrait dessiné. De retour à Paris, Blondel expose régulièrement au Salon et reçoit rapidement un grand nombre de commandes comme décorateur. En 1815, en association avec Louis Lafitte, Blondel accepte de réaliser plusieurs dessins sur le thème de Cupidon et Psyché pour une série de papiers peints édités par la manufacture Dufour. Le sujet de cet ensemble est tiré du roman Les Amours de Psyché et de Cupidon écrit par Jean de La Fontaine en 1669.

Pour un dessin probablement réalisé à la même époque, Blondel puise son sujet dans le recueil le plus célèbre de La Fontaine : Les Fables. L’Homme qui court après la fortune et l’Homme qui l’attend dans son lit, onzième fable du septième livre, publié en 1678, prévient le lecteur de la dangerosité de l’imagination et de l’ambition qui, berçant l’homme d’illusions, le font courir après des chimères. Blondel synthétise la fable en illustrant sa morale : l’homme de retour en son pays après un long et vain voyage en quête de gloire et de fortune retrouve son ami qui n’a jamais quitté son foyer. Celui-ci, paisiblement allongé sur son lit est dominé par une allégorie ailée de la Fortune qui déverse sur lui une corne d’abondance remplie de pièces d’or. L’œuvre, traitée au lavis d’encre et à la gouache blanche, épouse tous les codes du néoclassicisme dans son décor et ses accessoires. Le degré d’achèvement du dessin et son format réduit peuvent suggérer un projet pour une illustration.

Très apprécié sous la Restauration, Blondel se voit chargé par la couronne de différents projets d’envergure. Il participe aux décors du nouveau palais Brongniart, ainsi qu’à ceux du Louvre et réalise vingt-et-une peintures pour la galerie de Diane au château de Fontainebleau. Le dessin de L’Homme qui court après la fortune et l’Homme qui l’attend dans son lit pro- vient de la collection de Pierre Defer, un célèbre expert et marchand d’art parisien sous le règne de Louis-Philippe. Defer fut chargé d’organiser la vente du contenu de l’atelier de Merry-Joseph Blondel suite à son décès en 1853. Peut-être est-ce à cette occasion que ce dessin entra en sa possession.

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