Louis JANMOT (1814-1892)

Autoportrait, vers 1833-1835
Crayon sur papier
17,3 x 14,5 cm
Ancienne collection Brac de La Perriere selon une mention au revers

Vendu

Louis Janmot rencontre Frédéric Ozanam et Laurent-Paul Brac de La Perriere à Lyon sur les bancs du collège royal. À dix-sept ans, Janmot intègre l’école des Beaux-Arts de Lyon et remporte dès l’année suivante le Laurier d’or, plus haute distinction de son école. L’autoportrait qui lui vaut cette récompense le représente de face, palette et pinceau à la main, dans un costume de style Renaissance. Les disproportions et déformations volontaires qu’il donne à sa physionomie marquent l’influence des maniéristes florentins du XVIe siècle. Fort de son titre, Janmot organise son départ vers la capitale pour poursuivre sa formation dans un atelier prestigieux. À Paris, le jeune artiste rejoint une communauté de peintres lyonnais dans l’atelier d’Ingres. En 1833, son maître est l’un des artistes les plus célèbres de son époque : ses peintures exposées aux salons suscitent de nombreux commentaires et ses portraits peints ou dessinés sont prisés par la haute société. Ses élèves tentent bien souvent d’imiter sa technique ou s’en inspirent pour réaliser des portraits. 

Représenté à mi-corps, un jeune homme vêtu d’une chemise de peintre est assis. Ses doigts qui s’enfoncent dans sa chevelure fournie retiennent sa tête, alors que son regard se perd dans le vide. Le modèle feint de nous ignorer dans une attitude mélancolique. Son visage, orné d’une barbe naissante taillée en collier, ressemble beaucoup à celui de l’autoportrait peint par Janmot à Lyon quand il n’avait que dix-huit ans. Coiffure épaisse, tempes rebondies, sourcils longs et fins, nez effilé et mâchoire carrée se retrouvent dans les deux physionomies. Quelques années doivent séparer les deux images. Le costume Renaissance a depuis laissé la place à celui de peintre et le regard perçant du vainqueur à celui du doute face à la carrière qui débute. Le graphisme précis de ce dessin est déjà profondément marqué par l’influence d’Ingres, visage détaillé et reste du corps suggéré à la pointe du crayon. Un autre portrait de Janmot réalisé au crayon par l’un de ses amis en 1833 atteste plus encore de cette ressemblance. 

Une mention peu lisible au revers de l’encadrement d’origine indiquait à la suite de l’identité de l’auteur celle de son ancien propriétaire et peut-être de son premier destinataire, « Brac de La Perrière ». Laurent-Paul Brac de La Perrière, l’ami de jeunesse qui lui aussi vint à Paris poursuivre ses études (en droit), dut recevoir cette feuille des mains de Janmot. Ensemble, les deux jeunes Lyonnais rejoignent la société de Saint-Vincent-de-Paul créée par Frédéric Ozanam. Au sein de cette organisation charitable et avant de partir pour Rome rejoindre son maître, Louis Janmot put faire la connaissance du prêtre Henri Lacordaire de douze ans son aîné. Le peintre réalisera le portrait du célèbre et turbulent prédicateur en 1846. L’influence d’Ozanam et Lacordaire sera prépondérante dans la réalisation du cycle intitulé Le Poème de l’Âme, chef d’œuvre de l’artiste débuté à Rome en 1836 et resté inachevé à sa mort.

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