Louis GAUFFIER (1762-1801)

Herminie chez les bergers, vers 1795
Huile sur papier marouflé sur toile
24,5 x 32 cm

En cours d’acquisition par le Musée Sainte-Croix de Poitiers

Né à Poitiers en 1762 au sein d’une famille modeste, Louis Gauffier vient à Paris pour se former auprès du peintre Hugues Taraval. En 1784, il concourt pour le Grand Prix de peinture d’histoire qu’il remporte ex aequo avec Jean-Germain Drouais, un jeune artiste issu de l’atelier de Jacques-Louis David. Reçu comme pensionnaire de l’Académie de France à Rome, il arrive au palais Mancini où il retrouve Drouais et David venus ensemble. Durant ce premier séjour, Gauffier connaît de récurrents problèmes de santé qui ne l’empêchent pas cependant de venir à bout des travaux imposés par l’École et de plusieurs projets plus personnels. Parmi eux, une œuvre de petit format représentant Renaud et Armide, dont le sujet s’inspire de La Jérusalem délivrée du Tasse, que le peintre exécute l’année précédant son départ. Au terme de ses cinq ans de pensionnat, Gauffier rentre à Paris où il est agréé par l’Académie et participe au Salon de 1789. L’an- née suivante, il décide de s’établir en Italie, d’abord à Rome où il épouse Pauline Châtillon, son élève, puis à Florence pour fuir les émeutes antifrançaises. Installé en Toscane à partir de 1793, le jeune couple retrouve d’autres artistes français tels que François-Xavier Fabre, Anne-Louis Girodet et Étienne-Barthélémy Garnier. Délaissant peu à peu les su- jets d’histoire, Gauffier reçoit de nombreuses commandes de portraits et consacre plus fréquemment ses pinceaux à la pratique du paysage.

En 1795, Louis Gauffier revient puiser dans l’épopée du Tasse le sujet d’un autre petit tableau de chevalet : Herminie chez les bergers. Dans La Jérusalem délivrée publiée en 1580, Herminie est une princesse amoureuse de Tancrède, le héros du poème. Devenue jalouse, elle vole les armes de sa rivale et se réfugie chez une famille de bergers. Sur la droite de la composition, Gauffier représente la jeune femme son casque à la main, venant de descendre de cheval. Elle tend le bras en direction du vieil Ergaste qui tresse un panier devant l’entrée de son humble maison. Entouré de sa famille, le vénérable berger lève la tête, surpris. Le sujet, bien que d’inspiration médiévale, est traité dans l’esprit néo-classique avec des emprunts à l’iconographie antique : casque, instrument de musique, corps dénudés. Une version de cette composition, peinte sur panneau, fut la propriété du peintre François-Xavier Fabre et se trouve aujourd’hui au musée de Montpellier. Une seconde, exactement de même dimension, mais peinte à l’huile sur papier, vient d’être redécouverte. Cette deuxième œuvre ne montre aucune variation avec celle qui était déjà connue. Son support peut laisser supposer que l’artiste réalisa d’abord un dessin qu’il mit en couleur avant de le répéter sur un support moins fragile.

En juillet 1801, la jeune épouse de Gauffier meurt prématurément. De santé fragile, le peintre accablé par le chagrin ne lui survit que quelques mois et décède le 20 octobre à l’âge de trente-neuf ans. Le couple laisse alors deux enfants en bas âge. Les musées Fabre à Montpellier et Sainte-Croix à Poi- tiers ont présenté en 2022 une large rétrospective consacrée au peintre permettant de remettre en lumière toute l’originalité de son œuvre.

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