Jules LAURE (1806-1861)

Jeune femme de la campagne de Rome, avant 1834
Huile sur toile
42,5 x 38,5 cm
Signé sur la gauche Jules Laure
Probablement exposé au Salon de 1834 sous le n°1141

Vendu

Le peintre Jules Laure, parti pour l’Italie à la fin de l’année 1830, y retrouve certains de ses anciens condisciples de l’atelier d’Ingres. Le premier est le sculpteur Antoine Étex, qu’il convainc un temps d’adhérer comme lui à la doctrine socio-économique et politique du comte de Saint-Simon. Depuis la mort du penseur en 1825, ce mouvement s’est transformé peu à peu, sous l’impulsion de Barthélemy-Prosper Enfantin, en société religieuse utopique. De nombreux penseurs, savants, écrivains et artistes se mêlent au groupe et tentent de diffuser ses idées. C’est le cas de George Sand, Félicien David, et même Alexandre Dumas qui correspond avec certains des membres sans jamais véritablement s’engager. Jules Laure semble être le seul peintre (hormis Paul Justus dont nous ne connaissons aucune œuvre) à avoir durablement revendiqué son appartenance au groupe.

L’artiste quitte la péninsule en 1834, quelques mois avant que son maître, Ingres, ne prenne la direction de la Villa Médicis à Rome. Comme tous les artistes entreprenant un tel voyage, Jules Laure rapporte quantité de dessins et croquis qui lui serviront de modèles pour ses œuvres à venir. Dès son retour, il participe au Salon pour la première fois et présente quatre peintures. Deux portraits, une scène d’inspiration littéraire qui tire son propos d’un roman de George Sand publié un an auparavant, Lélia et enfin une Jeune femme de la campagne de Rome, seul témoignage pictural au Salon de son passage en Italie. Cette jeune Italienne nous tournant le dos ne laisse découvrir qu’un profil fuyant, dont l’objet du regard nous est inconnu. Le cadrage choisi par Jules Laure concentre l’attention du spectateur sur la nuque du modèle et sur sa coiffure savamment tressée. La jeune Romaine se dé- tache sur un fond écru sans décor et évoque immédiatement les œuvres rapportées d’Italie par les artistes de la génération précédente : Léopold Robert en premier lieu, mais également Victor Schnetz, Guillaume Bodinier ou Victor Navez qui s’étaient fait une spécialité du genre.

Les années suivantes, l’artiste exposa en grande majorité des portraits d’acteurs ou de célébrités mondaines et quelques rares tableaux d’inspiration littéraire. Son amie Flora Tristan, dont il expose un premier portrait en 1837 puis un second en 1838, lui ouvre les portes des cénacles. Morte en 1844, Flora ne connut jamais son petit-fils, le peintre Paul Gauguin né en 1848 et dont Jules Laure fit un beau portrait à l’âge de deux ans.

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