Jacques-Louis DAVID (1748-1825)

Trois femmes vêtues à l’antique, vers 1774-1778
Crayon sur papier
14,6 x 7,3 cm
Signé en bas à droite David

Vendu

L’image de Jacques-Louis David est indissociable de ses chefs-d’œuvre réalisés pendant la Révolution et l’Empire. Orphelin de père en 1757, alors qu’il n’a que neuf ans, son éducation est confiée à son oncle maternel, l’architecte François Buron. Les talents de dessinateur du jeune homme sont vite remarqués par son tuteur qui l’envoie en apprentissage chez François Boucher, premier peintre du roi, auquel il est apparenté par sa mère. Ce premier maître devenu trop âgé pour le former, David intègre l’atelier de Joseph-Marie Vien avant de s’inscrire à l’Académie royale de peinture. Ses premières œuvres, encore profondément marquées par le style rococo de Boucher, lui permettent de se faire remarquer dès 1771, même s’il n’obtient qu’un second prix au concours de peinture de l’Académie royale avec son Combat de Mars contre Minerve. Il échoue encore les deux années suivantes malgré la timide évolution de ses compositions vers le style néo-classique dont Vien est l’un des principaux représentants en France. David remporte enfin le premier prix en 1774 sur le sujet d’Érasistrate découvrant la cause de la maladie d’Antiochus dans son amour pour Stratonice.

Si les dessins antérieurs à ce premier succès n’ont encore rien de réellement davidien, le style graphique de l’artiste s’affirme lors de son séjour à l’Académie de France à Rome, alors au palais Mancini. Durant cette période, il copie les bas-reliefs antiques et découvre les écrits de Johann Joachim Winckelmann, véritable théoricien du néo-classicisme. De retour à Paris en 1780, Jacques-Louis David s’impose rapidement comme le chef de file du mouvement néo-classique en France.

Le dessin représentant trois femmes vêtues à l’antique doit dater de cette époque. La figure de gauche, représentée les mains jointes et les épaules dénudées, est accolée à la figure élégamment déhanchée qui se tient sur la droite. Formant un groupe compact, elles masquent presque entièrement la troisième figure dont la tête seule émerge entre leurs épaules. Les croquis de ce type, réalisés d’un geste rapide au graphite ou au crayon, noircissent ses carnets d’Italie. On y retrouve des figures féminines en grand nombre ; isolées ou regroupées, vêtues d’amples drapés, les bras repliés sous la poitrine, elles sont à l’image de Stratonice pleurant sur Antiochus dans sa proposition au concours de 1774. Elles se retrouvent également, pleurant au pied des marches, dans Les Funérailles de Patrocle, grande toile peinte en 1778 alors que David est encore un jeune artiste en formation à Rome. Lorsqu’en 1794 David est emprisonné au palais du Luxembourg, il travaille sur un grand dessin représentant Homère récitant l’Iliade aux Grecs, conservé au musée du Louvre. Sur la gauche de la composition, il installe un groupe de trois femmes qui, bien qu’inversé, semble conserver le souvenir de son petit dessin des Trois femmes vêtues à l’antique réalisé au début de son voyage à Rome.

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