Henry MONNIER (1799-1877)

Dilettante, vers 1827
Préparatoire pour la gravure Dilettante 
Plume, encre brune et aquarelle sur papier 
19 x 19 cm
Titré à l’encre sous le motif Dilettante 
Bibliographie : H. Monnier, Esquisses Parisiennes, Paris, Delpech, 1827, reproduit

Vendu

Fraîchement loti en contrebas de la butte Montmartre, le quartier de la Nouvelle Athènes accueille au début des années 1830 la fine fleur du mouvement romantique. On peut y croiser peintres, écrivains, musiciens, journalistes et acteurs dissertant sur le monde. Henry Monnier, qui a depuis donné son nom à l’une des rues du quartier, est tout cela à la fois. Auteur, metteur en scène, chansonnier et acteur, il se produit au théâtre du Vaudeville et dans les cafés des boulevards. Créateur du personnage de Monsieur Prudhomme, emblématique bourgeois bedonnant aussi conformiste qu’imbécile, il inspire Balzac pour certaines figures de La Comédie humaine et plus tard Verlaine pour l’un de ses Poèmes saturniens. Également habile dessinateur et lithographe, Monnier croque sur la feuille les mêmes mœurs hautes en couleur de la vie parisienne qu’il raille dans ses pièces de théâtre. De la pointe du crayon, il capture la physionomie des célébrités de son temps et fournit également des caricatures pour les journaux. Après plusieurs séjours en Angleterre durant lesquels il se perfectionne dans l’art de la lithographie, Henry Monnier de retour à Paris en 1827 publie plusieurs séries de planches satiriques dont ses Esquisses Parisiennes éditées par Delpech. 

L’une des lithographies de ce recueil, titrée Dilettante, représente un pianiste accompagné d’une chanteuse lors d’un récital. Le terme dilettante, avant de prendre le sens commun d’amateur fantaisiste, désignait précisément un mélomane. Ici, le musicien aux membres minces et étirés porte un frac bleu et un haut col montant. Il est affublé par l’artiste d’une chevelure imposante, relevée au-dessus de la nuque. Sa physionomie évoque immédiatement celle d’un des plus célèbres musiciens romantiques : Hector Berlioz. 

Sur le dessin préparatoire à cette lithographie, tracé à l’encre et à l’aquarelle, Berlioz n’aurait que vingt-quatre ans. Il apprit à chanter et à jouer de la flûte avant de créer ses premières compositions à l’âge de douze ans. Forcé par sa famille à faire des études de médecine, il s’installe à Paris et fréquente l’Opéra. Habitué des différents salons littéraires de la capitale, il rencontre des écrivains, des artistes et des musiciens. En 1823, abandonnant définitivement la médecine pour la musique, il est admis parmi les élèves particuliers de Jean-François Le Sueur avant de s’inscrire au Conservatoire de Paris trois ans plus tard. En 1827, Berlioz qui concourt pour le Prix de Rome est loin d’avoir atteint la célébrité mais peut faire partie de ces figures parisiennes que Monnier aime à représenter. 

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