Henri Joseph HARPIGNIES (1819-1916)
Vue depuis les hauteurs de Saint-Jean-Cap-Ferrat, vers 1864
Huile sur toile marouflée sur toile
22 x 23 cm
Signé en bas à droite H. Harpignies
Vendu
Henri Joseph Harpignies naît le 28 juillet 1819 à Valenciennes dans une famille de la grande bourgeoisie originaire de Mons. S’il aime très tôt dessiner, il ne découvre que tardivement sa vocation artistique et n’intègre l’atelier du peintre Jean Achard qu’à l’âge de vingt-sept ans. Il entreprend de nombreux voyages en Allemagne, aux Pays-Bas, et se rend pour la première fois en Italie. À Paris, Harpignies ouvre son atelier et se lie d’amitié avec Camille Corot qui a sur lui une influence considérable. En sa compagnie, il se rend dans la forêt de Fontainebleau pour travailler sur le motif et fréquente les premiers artistes de l’école de Barbizon.
En 1864, Harpignies suit Corot et reprend la route une nouvelle fois en direction de l’Italie. Il traverse la France durant plusieurs semaines avant de s’arrêter pour quelques jours sur la Côte d’Azur, près de Nice. Adepte du pleinairisme, le peintre profite de cette étape pour dessiner ou peindre à l’aquarelle et à l’huile quelques vues sur le motif. Installé sur les hauteurs de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat, il profite de l’ombre des pins pour esquisser une vue montrant Èze, le Cap-d’Ail et le massif de la Tête de Chien. Si le panorama est magnifique, l’artiste semble pourtant davantage captivé par les arbres et leurs troncs sinueux qui occupent tout le premier plan de la composition. Traités dans un camaïeu de brun et de vert éteint, ces pins semblent se répéter à la façon d’un motif au pochoir et découpent le paysage qui se laisse entrevoir entre les branches tortueuses. Le choix des couleurs trahit indéniablement l’influence grandissante de Corot sur le travail d’Harpignies. Le synthétisme général de la mise en page montre cependant toute l’originalité du travail du peintre en quête perpétuelle de simplification, précédant de quelques années l’apparition du japonisme et de trois décennies celle du mouvement nabi.
Cette première étude sert de modèle à l’artiste pour une œuvre plus ambitieuse, aujourd’hui conservée au musée des Beaux-Arts de Montréal. Sur cette toile de grand format (100 x 125 cm), datée de 1865, le peintre écarte les arbres pour permettre au regard de découvrir le panorama méditerranéen plus dégagé à l’arrière-plan de la composition. À partir du milieu des années 1880, Harpignies revient chaque hiver dans le Midi pour profiter du climat. Ses nombreuses vues de Nice, Antibes, Villefranche ou Menton attestent de sa présence régulière dans la région.