George SAND (1804-1876)

En collaboration avec Maurice Sand (1823-1889)
Paysage imaginaire, vers 1870-1876
Dendrite
15,2 x 23,4 cm
Certifié au revers par Aurore Sand en 1947

Vendu

Comme toutes les jeunes filles de bonne famille, George Sand qui se faisait encore appeler Amantine Aurore Lucile Dupin pratiqua le dessin pendant son enfance. Elle copiait des illustrations trouvées dans les journaux ou s’appliquait sur la feuille d’après des modèles. À la fin de sa vie, l’auteur d’Indiana et de La Mare au diable est en proie à des difficultés financières et à différents problèmes de santé. Résidant le plus souvent dans sa maison de Nohant, elle espace ses voyages à Paris et reçoit ses amis sur ses terres du Berry. Si elle écrit encore un à deux romans chaque année, elle abandonne de plus en plus souvent l’encre et la plume pour l’aquarelle et le pinceau. Ce qu’elle décrit comme un amusement, dans une lettre datée de 1874, devient peu à peu une activité quotidienne. La technique très particulière qu’elle emploie, la dendrite, reste encore aujourd’hui attachée à son nom.

Consistant en l’application d’un papier épais ou d’un carton absorbant que l’on presse sur une feuille préalablement tachée de différentes couleurs, cette technique porte également le nom d’aquarelle à l’écrasage. Le carton une fois retiré, les taches ainsi écrasées produisent des formes faites d’arborescences aléatoires. La page se compose alors de surfaces nervurées à l’aspect mousseux qui sont par la suite retravaillées à l’aquarelle et à la gouache. George Sand pour ses créations privilégie le brun, le vert et le bleu, couleurs naturelles propres à l’évocation de paysages. Le résultat évoque souvent des landes ou des marécages imaginaires qui se teintent d’une part d’exotisme. Le fils de George Sand, Maurice, écrivain, peintre et illustrateur, partage quelques fois avec sa mère ces moments de création expérimentale.

Aurore, la fille de Maurice, née en 1866, fit l’inventaire des dendrites de sa grand-mère, qu’elle certifia souvent de son paraphe au verso. Selon une mention de sa main, le ciel et les montagnes qui constituent l’arrière-plan de ce paysage sont l’œuvre de son père. Obtenu par glissement de l’aquarelle bleue sur le papier détrempé au préalable, ce fond offrit un support déjà figuratif aux taches de George Sand. Au premier plan, l’artiste installe un paysage marécageux où la végétation luxuriante et les bandes de terres entourent un bassin. Quelques traits de gouache blanche marquent les reflets à la surface de l’eau. Témoignage émouvant de l’affection partagée entre la mère et son fils, cette dendrite est, tant par son format que par son raffinement, un très bel exemple de l’œuvre plastique de l’écrivaine. Au début du XXe siècle, les surréalistes et plus particulièrement Max Ernst, en réemployant cette technique dans certaines de leurs créations, feront de George Sand l’un des précurseurs du mouvement.  

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