Gabriel-Hippolyte LEBAS (1812-1880)

Scène de naufrage, vers 1870
Aquarelle et gouache sur papier
28,5 x 47,1 cm
Signé en bas à gauche Hip Lebas

Vendu

Pour des raisons d’homonymie de signature, l’œuvre de Gabriel-Hippolyte Lebas est souvent confondue avec celle de son père. Fils de l’architecte Louis-Hippolyte Lebas, il ne poursuit cependant pas la vocation paternelle et devient l’élève de François-Marius Granet. En 1836, il participe pour la première fois au Salon avec une Vue de la vallée de Montmorency et se spécialise dans le genre du paysage naturaliste. Entre 1841 et 1842, il visite l’Italie en compagnie du sculpteur James Pradier. Ce dernier mentionne la présence de son ami à ses côtés dans de nombreuses lettres à Louise son épouse. Bien que non pensionnaire, Lebas fils est reçu à la Villa Médicis par Jean-Victor Schnetz, le directeur des lieux après le départ d’Ingres. À son retour, le peintre expose au Salon plusieurs vues d’Italie avant de se rapprocher de l’école de Barbizon.

À partir du début des années 1860, Gabriel-Hippolyte Lebas effectue des séjours réguliers en Normandie. Ses œuvres, principalement des aquarelles de grand format, sont alors influencées par l’art d’Eugène Isabey et de Théodore Gudin dont il adopte l’intérêt pour les marines déchaînées et les scènes de naufrage. Parfois localisées près d’Étretat, ses œuvres reprennent le plus souvent un procédé de composition identique où les rochers bruns du rivage sont placés au premier plan. La mer et les éléments narratifs, figures ou bateaux, sont repoussés sur le côté en laissant une large place au ciel menaçant. Les nuages et l’écume, traités à la gouache blanche, contrastent avec l’aspect plus graphique de l’aquarelle.

Cette œuvre respecte l’ensemble de ses principes. L’artiste a cependant disposé sur la plage au premier plan deux taches de couleurs juxtaposées, évoquant des morceaux de tissu, l’un bleu et l’autre rouge. Leur situation privilégiée dans la composition suggère une intention spécifique de la part de l’auteur. Malheureusement, en l’absence de titre, celle-ci ne peut être que supposée. Le mât qui dépasse des flots, seul détail visible d’un bateau englouti, pourrait faire référence au naufrage du Saint-Géran et les deux tissus échoués sur la plage être une évocation poétique des vêtements de Paul et Virginie, les deux héros du roman de Bernardin de Saint-Pierre.

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