François-Auguste BIARD (1799-1882)

Le capitaine Pléville venant en aide au vaisseau du capitaine Jervis, vers 1874
Huile sur toile
85 x 112 cm
Signé en bas sur la droite Biard

Vendu

«Le capitaine Pléville, amputé de la jambe droite, n’ayant pu décider personne à porter secours à un navire anglais en perdition, se fait attacher et par un violent orage descend d’un rocher à pic et sauve le vaisseau du capitaine Jervis.» C’est ainsi que François-Auguste Biard décrit lui-même son tableau à l’occasion d’une vente volontaire de ses œuvres le 18 mars 1875. L’épisode relate un événement qui eut lieu le 1er mai 1770 à Marseille. Georges-René Le Pelley de Pléville dit «le Corsaire à la jambe de bois», qui venait d’être nommé gouverneur du port de Marseille, fit preuve d’un immense courage en sauvant l’équipage de la frégate anglaise Alarm. L’œuvre qui avait été exposée au Salon de 1874 avait suscité des commentaires amusés et attirait de nombreux spectateurs. Au milieu de la foule, l’un d’eux, feignant de ne pas comprendre la scène, se serait interrogé : «monte-t-il? descend-il?». L’anecdote reprise dans la presse avait dû faire sourire le vieux peintre dont l’œuvre pour le moins hétéroclite fut souvent empreinte d’une pointe d’humour. Nous savons grâce au catalogue de sa vente après décès de 1883 que Biard réalisa au moins deux versions différentes de cette œuvre : une première au format vertical, non localisée aujourd’hui, mesurait deux mètres de hauteur, la seconde plus réduite en taille, fut traitée par le peintre à l’horizontale. Pour cette peinture en particulier, les choix de composition s’appuient sur des références marquées à l’histoire de l’art. L’ambiance nocturne de cette scène de naufrage évoque indubitablement L’Hiver de Nicolas Poussin, auquel le peintre emprunte la gamme colorée et l’éclair à l’arrière-plan. La figure de Pléville, suspendue dans le vide, renvoie pour sa part à la Scène de déluge de Girodet dans laquelle on retrouve un groupe de personnages agrippés à un rocher. Tant chez Biard que chez Poussin ou Girodet, la nuit s’associe à l’orage, à la mer tourmentée et au rocher menaçant pour créer une ambiance des plus dramatiques. Les nombreux personnages qui composent la scène conservent également le souvenir des multiples voyages du peintre. Si l’épisode eut lieu à Marseille, les costumes traditionnels des jeunes femmes au premier plan semblent plus nordiques que provençaux. François-Auguste Biard reste principalement dans les mémoires pour ses immenses paysages polaires à l’aspect fantastique. Il était pourtant capable de varier les sujets dans des formats allant de l’immense au tableau de cabinet, alternant scènes de genre moralistes pleines d’humour et tableaux d’histoire édifiants. En soixante ans de carrière, il exposa plus de deux cents œuvres au Salon. Le catalogue raisonné en cours de préparation, de même qu’une grande exposition rétrospective prévue à la Maison Victor Hugo à Paris et en Norvège devrait permettre de redécouvrir toute l’étendue de son talent.

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