François BOUCHOT (1800-1842)

Portrait de C.J.L. Portman, 1823
Contre-épreuve de pierre noire rehaussée de gouache blanche
13,3 x 9,3 cm
Signé et daté en bas à droite F. Bouchot – 1823

Vendu

On peut avoir du mal à imaginer l’esprit tumultueux qui régnait dans certains ateliers de peintres au XIXe siècle. Les témoignages sont pourtant nombreux à l’image du livre d’Eugène Amaury-Duval qui raconte les années passées dans l’atelier d’Ingres. Si les élèves du maître de Montauban étaient considérés comme parmi les plus sages, Amaury-Duval décrit dans son livre le caractère animé de l’atelier voisin du baron Gros. Au début des années 1820, Antoine-Jean Gros qui a pris la succession de son maître David, exilé à Bruxelles depuis 1815, regroupe autour de lui un grand nombre de jeunes artistes en formation dont les exactions étaient de- venues légendaires. À la même époque, l’atelier du peintre Guillaume Guillon-Lethière, plus sage, n’est pas l’un des moins prisés de la capitale. De retour de Rome où il a dirigé la Villa Médicis jusqu’en 1816, Lethière ouvre les portes de son atelier au numéro 9 de la rue Childebert, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Les jeunes artistes se pressent pour s’inscrire auprès du massier en charge des nouveaux élèves. On retrouve alors sur les listes d’émargement Louis Boulanger, Eugène Devéria, ainsi que François Bouchot et un dénommé Christiaan Julius Lodewijk Portman, originaire d’Amsterdam.

Les caricatures et les portraits rapidement croqués d’élèves les uns par les autres font partie des usages et des traditions dans les ateliers d’artistes. Un jour de 1823, il semble que tous les jeunes gens présents chez Guillon-Lethière décidèrent de saisir un crayon pour dessiner leurs amis avant de poser à leur tour. Effectivement, plusieurs exemples de dessins da- tant de 1823 portent des mentions qui précisent l’identité de chacun des modèles et souvent le nom de leurs auteurs. François Bouchot, qui remporte cette année-là le Grand Prix de peinture d’histoire, prend vie sous le crayon d’un certain Louis-Thomas Bardel alors que lui-même choisit de dessiner son ami Portman.

Le jeune homme de 24 ans, qui conserve des traits juvéniles, tourne la tête vers le ciel avec un air inspiré. Il porte un haut col blanc qui émerge d’une veste sombre. Ce dessin fait aujourd’hui partie des collections du musée Carnavalet à Paris. Dans certains cas, pour réaliser un deuxième exemplaire de ces petits portraits, les artistes réalisaient une contre-épreuve. Cette technique consistant à appliquer le dessin fraîchement exécuté sur une feuille de papier humide permet d’en reproduire le motif sur un second support. L’image apparaît alors inversée. Sur ce deuxième exemplaire, François Bouchot prit soin de relever certaines lignes un peu trop estompées et de colorier en blanc le col du modèle.

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