Fleury François RICHARD (1777-1852)

La Grotte de La Balme, vers 1809-1810
Huile sur toile
88 x 67 cm
Provenance : collection particulière, Amsterdam
Œuvre en rapport : La Mort de saint Paul ermite, Salon de 1810
Bibliographie : Marie-Claude Chaudonneret, La Peinture troubadour, deux artistes lyonnais : Pierre Révoil, Fleury Richard; Patrice Béghain, Gérard Bruyère, Fleury Richard, 1777-1852 : les pinceaux de la mélancolie, rep. page 146

En cours d’acquisition par le Musée des beaux-arts de Lyon

Après avoir grandi dans une riche famille lyonnaise, le jeune Fleury Richard débute sa formation à l’école de des- sin de Lyon avant de rejoindre le célèbre atelier de David à Paris en 1796. Au côté de son ami d’enfance, Pierre Révoil, il participe à l’émergence du style troubadour dont il devient l’un des principaux représentants. La qualité et le raffinement des œuvres qu’il expose au Salon à partir de 1801 lui valent des éloges et attirent l’attention de l’impératrice Joséphine. Sa Valentine de Milan pleurant la mort de son époux Louis d’Or- léans, exposée au Salon de 1802, connaît un immense suc- cès public. Après quatorze années passées dans la capitale, le peintre – dont la renommée a dépassé les frontières – décide de revenir à Lyon où il ouvre son atelier en 1809 dans l’en- ceinte du palais Saint-Pierre.

Au début de l’été 1809, Richard est rejoint par le peintre Alexandre Millin du Perreux qui lui propose de l’accompagner pour un voyage d’étude dans le Dauphiné. Les deux artistes quittent Lyon le 29 juillet en direction du village de La Balme à quelques kilomètres d’Aix-en-Savoie (actuel Aix- les-Bains). L’endroit, célèbre pour ses grottes, intéresse particulièrement les deux amis en quête de nouveaux motifs. En- semble, ils y reviennent à plusieurs reprises pour dessiner et peindre in situ selon l’enseignement de Pierre-Henri de Valenciennes dont Millin du Perreux fut l’élève. Plusieurs dessins témoignent de leurs études de la grotte, ainsi que quelques lettres. Dans l’une d’elles, Richard décrit l’imposante cavité naturelle comme ayant «les ombres de couleur chocolat et les lumières jaune d’œuf ». À la suite de ce séjour, les deux peintres souhaitent utiliser la grotte de La Balme pour l’une des toiles qu’ils exposeront au Salon de l’année suivante. Si Millin du Perreux décide d’animer sa composition en y insérant la figure de François Ier en dévotion devant un autel, Ri- chard fait le choix d’intégrer la grotte comme décor de fond pour La Mort de saint Paul premier ermite. L’œuvre montre les derniers instants de Paul accompagné par Antoine et deux lions venus miraculeusement creuser sa tombe. Lors de l’ex- position de la toile au Salon de 1810, certains reprochent au peintre la petitesse des figures réduites au rang de prétexte.

Redécouverte il y a une vingtaine d’années, la version de La Grotte de La Balme sans personnages montre la virtuosité de Richard à rendre le caractère monumental et spectaculaire de ces lieux. Véritable cathédrale naturelle, l’entrée de la grotte, d’où un mince filet d’eau s’échappe, s’ouvre telle une bouche mystérieuse vers le néant. Si l’ensemble prend l’aspect d’un décor somptueux digne de l’Opéra, le traitement subtil des pierres avec des tons d’ocre relevés de vert évoque l’art de François Marius Granet en Italie. Il est probable que, fier du résultat de cette première toile sans autre objet que la nature, le peintre ait préféré en réaliser une seconde propre à accueillir les figures. Ainsi animée, l’œuvre devenue tableau d’histoire pouvait entrer dans une catégorie plus noble que celle du paysage encore relégué à cette époque au rang de genre mineur.

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